Des milliers de Syriens en liesse se sont rassemblés dimanche à Paris, Berlin et dans d’autres villes européennes pour célébrer l’éviction du président Bachar al-Assad par des groupes rebelles islamistes, mettant ainsi fin à cinq décennies de régime d’une main de fer.
Des foules de personnes de la diaspora syrienne française ont bravé la bruine froide à Paris, scandant « Syrie libre » et brandissant le drapeau de l’opposition syrienne.
«Je peux respirer pour la première fois. C’est un jour particulier », a déclaré une étudiante à 42mag.fr, place de la République à Paris.
« J’osais à peine imaginer que nous en arriverions là. On ne savait pas si ça arriverait un jour. »
Ares, réfugié politique, a rappelé les années passées à manifester sur cette même place.
« Cela nous rappelle les premières manifestations que nous avons organisées au début de la guerre », a-t-il déclaré. « Nous avons encore du mal à croire ce qui s’est passé, mais cela laisse la voie ouverte au peuple syrien pour gagner cette guerre. C’est une fierté. »
La Russie, alliée d’Assad, a déclaré que Bachar al-Assad avait quitté le pays dimanche après des négociations avec les groupes rebelles et avait donné des « instructions » pour « transférer le pouvoir de manière pacifique ».
Lui et sa famille seraient à Moscou, a déclaré une source du Kremlin aux agences de presse russes.
« C’est la première fois qu’on peut dire ‘Assad n’est plus là’, je ne peux même pas décrire la joie », a déclaré une Syrienne, la voix rauque à force de crier. « Mais pour une fois, nous pouvons dire qu’Assad ne nous gouverne plus. La famille Assad n’est plus.»
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Une envie de revenir
Des sentiments similaires étaient présents en Allemagne, où vivent plus d’un million de Syriens – la plus grande diaspora de l’Union européenne.
La plupart d’entre eux sont des demandeurs d’asile qui ont fui la guerre civile qui a débuté en 2011 lorsqu’Assad a écrasé un soulèvement pacifique en faveur de la démocratie.
Depuis lors, plus d’un demi-million de personnes ont été tuées et près de 12 millions d’autres ont été contraintes de fuir leur foyer.
« Enfin nous sommes libres ! » » a déclaré Bassam Al-Hamada, souriant, parmi 5 000 personnes lors d’un rassemblement à Berlin.
Certains ont brandi le « V » pour le signe de la victoire, ont chanté et crié « Allahu Akbar ! (Dieu est le plus grand !).
On espérait prudemment qu’ils pourraient bientôt retourner dans leur pays d’origine.
« Comme beaucoup de Syriens, j’aimerais retourner dans mon pays pour contribuer à sa reconstruction », a déclaré Bassam Al-Hamada, un travailleur social arrivé en Allemagne début 2016, à l’agence de presse française AFP.
Sa compatriote Sabreen, architecte, a déclaré qu’elle envisageait pour l’instant de « aider l’Allemagne ».
« Ils ont surtout besoin d’expertise et d’argent. Tout cela, nous pouvons le rassembler ici pour le moment. »
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Un avenir incertain
Que ce soit lors de manifestations à Paris, Berlin ou dans d’autres villes comme Madrid, Athènes et Londres, de nombreux Syriens insistent sur le fait qu’Assad doit être tenu responsable du meurtre et de la torture de son propre peuple.
L’association Revivre, qui vient en aide aux réfugiés et prisonniers politiques en Syrie et qui a organisé la manifestation à Paris, a déclaré qu’il ne devrait y avoir aucune impunité pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en Syrie.
« C’est la meilleure garantie pour un avenir de paix », a-t-il déclaré dans un communiqué.
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Abou Mohammed al-Jolani, le chef de la faction rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a dirigé l’offensive visant à renverser Assad, a exprimé sa volonté d’assurer une transition pacifique du pouvoir et de travailler avec les minorités syriennes.
Mais l’avenir reste profondément incertain.
« Bien sûr, nous nous inquiétons de la prochaine étape, du type de gouvernement qui sera mis en place. Mais pour l’instant, nous sommes simplement heureux », a déclaré Noura Bittar à la télévision locale danoise lors d’un rassemblement à Copenhague.
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La France a déclaré qu’elle se félicitait de la chute du gouvernement d’Assad « après plus de 13 ans de répression violente contre son propre peuple ».
Le ministère des Affaires étrangères a appelé à une transition politique pacifique, respectueuse de la diversité du peuple syrien et protégeant les civils et les minorités.
Aux côtés de ses partenaires internationaux, la France a déclaré vouloir aider le peuple syrien à avancer vers « la réconciliation et la reconstruction » et être prête à « jouer pleinement son rôle » dans ce processus.
