Chaque jour, une célébrité rejoint l’univers d’Élodie Suigo. Le mercredi 11 décembre 2024, c’est le tour de l’acteur et metteur en scène Louis Garrel. Il apparaît dans le film « Saint-Ex » réalisé par Pablo Agüero, où il partage l’écran avec Diane Kruger et Vincent Cassel.
Louis Garrel : Un Destin Tracé par le Cinéma
Dès son plus jeune âge, Louis Garrel s’est retrouvé sous les projecteurs grâce à son père, le cinéaste Philippe Garrel. En effet, il a grandi dans un univers artistique, sa mère, Brigitte Sy, étant également réalisatrice. La reconnaissance du grand public est venue en 2003 avec le film de Bernardo Bertolucci, Innocents : The Dreamer. Cette exposition a permis à Garrel de se faire un nom dans le monde du cinéma, étant nommé à six reprises aux Césars, récompenses dont il s’est vu attribuer deux. Le premier César du meilleur espoir masculin a été conquis grâce à sa performance dans Les Amants réguliers, un film dirigé par son père. Plus récemment, en 2023, il a remporté le César du meilleur scénario original pour L’innocent, qu’il a également réalisé. Actuellement, il apparaît dans Saint-Ex, réalisé par Pablo Agüero, aux côtés de Diane Kruger et Vincent Cassel. Le film se déroule dans les années 1930, racontant l’histoire d’Antoine de Saint-Exupéry, pilote pour l’Aéropostale en Argentine. Lorsque son ami Henri Guillaumet disparaît dans les Andes, Saint-Ex décide de partir à sa recherche.
Un Film Aux Rêves Enivrants
42mag.fr : Le thème du rêve est au cœur de ce film. Cela a-t-il influencé votre décision de participer ?
Louis Garrel : Absolument, et l’implication d’un réalisateur argentin m’a également séduit. J’étais ravi qu’un non-Français réalise un film sur Saint-Exupéry, concentrant son attention sur la Patagonie.
Le film oscille entre ciel et terre, ce qui lui donne un aspect rêveur qui m’a séduit.
Louis Garrelà 42mag.fr
Ce fut une expérience particulière à tourner, car le réalisateur s’est rendu en Patagonie pendant six semaines pour capturer de saisissantes images des Andes et de vastes déserts. De retour à Paris, nous avons tourné en studios pendant huit à neuf semaines. En tant qu’acteur, je devais imaginer voir ce qu’il avait observé, ce qui a rajouté une dimension onirique au processus de tournage.
Façonner le Personnage de Saint-Ex
Votre collaboration pour donner vie à Saint-Exupéry a été marquante.
Une des richesses du projet réside dans le fait que peu de gens ont en tête une image précise de Saint-Exupéry. Dès les débuts, le réalisateur m’a dit : « Ne cherche pas à lui ressembler, mais à capturer son esprit« . Saint-Ex était un homme singulier, issu d’un milieu aisé français, obsédé par le vol depuis l’âge de 12 ans. Adolescent, il construisait des dispositifs avec son frère, espérant que leur vélo muni de voiles s’envolerait, ce qui n’est jamais arrivé.
Cette anecdote est présente dans le film !
Oui, elle est authentique, tout comme sa vie passée en grande partie dans les airs. J’ai la conviction qu’il écrivait pour prolonger ses sensations de vol. L’aviation était le centre de son existence.
Des Racines Artistiques Profondes
Revenons aussi à votre parcours. Vos débuts au théâtre semblent aussi ancrés dans votre histoire familiale.
Depuis toujours, le théâtre a été un lieu de rêve pour moi. Même si je ressens parfois de la honte à ne pas avoir pris une autre direction que celle de ma famille. À 12 ans, voir mon grand-père interpréter Freud dans la pièce Le visiteur d’Éric-Emmanuel Schmitt a été d’une grande importance. Il était lui-même tout en étant quelqu’un d’autre, ses gestes et voix étaient les mêmes, mais les mots n’étaient pas les siens, ils appartenaient à un autre auteur.
Le théâtre a éveillé en moi une passion. Mon grand-père, acteur, m’a captivé dans mon enfance. Sa vie m’a fasciné.
Louis Garrelà 42mag.fr
La Scène comme Évasion et Réflexion
Le théâtre et le cinéma vous offrent-ils un moyen d’évasion ?
C’est une forme d’évasion, mais cela dépasse cela. Ces arts servent aussi à refléter le monde et encouragent à prendre du recul. Jean Renoir ou Roberto Rossellini l’ont bien exprimé : « Le cinéma montre que le monde est plein d’amis, non d’ennemis. »
L’impact de Saint-Exupéry sur votre vie est-il conséquent ?
La vie de Saint-Exupéry, morte à peu près à mon âge, m’a beaucoup marqué. À 44 ans, il avait une existence incroyablement pleine. Il est allé de Paris à des lieux comme Cape Juby et New York durant la Seconde Guerre mondiale. Lorsqu’il apprend la mort de Guillaumet en guerre, malgré son âge avancé pour piloter, il réclame de voler à nouveau. Comme Kessel ou London, il a vécu une vie de voyages, de découvertes. Je suis parfois freiné par ma peur de l’avion, mais j’admire ceux qui découvrent le monde.
Saint-Exupéry a vécu dans une insouciance. Est-elle nécessaire ?
Je suis persuadé que voler dans les années 30, seul à 2000 mètres, était un plaisir incomparable.