Le projet phare de l’UE en matière de constellation de satellites a officiellement démarré lundi, alors que le bloc a signé un contrat de concession avec un consortium européen pour développer un système de communication spatial sécurisé. Doit être pleinement opérationnel d’ici 2030, il rivalisera avec les grands réseaux américains.
Envisageant un réseau multi-orbital de près de 300 satellites, Iris² ambitionne de rivaliser avec les fournisseurs d’accès Internet par satellite américains tels que Starlink d’Elon Musk et Project Kuiper d’Amazon.
« Cette constellation de pointe protégera nos infrastructures critiques, connectera nos zones les plus reculées et augmentera l’autonomie stratégique de l’Europe », a déclaré la vice-présidente de la Commission européenne, Henna Virkkunen.
Le système, développé dans le cadre d’un partenariat public-privé, servira à la fois les gouvernements et les clients privés.
Doté d’un budget estimé à 10,6 milliards d’euros, Iris² doit permettre des communications sécurisées à des fins militaires, de défense et diplomatiques.
La surveillance, la connectivité dans les zones touchées par des catastrophes naturelles et l’accès commercial au haut débit font partie de ses autres utilisations potentielles, selon l’Union européenne.
Lundi, l’UE a signé une concession de 12 ans pour la mise en œuvre du projet avec SpaceRISE, un consortium dirigé par le français Eutelsat, l’espagnol Hispasat et le luxembourgeois SES.
Les autres partenaires incluent OHB, Airbus Defence and Space, Telespazio, Deutsche Telekom, Orange et Hisdesat.
Le commissaire européen à la défense et à l’espace, Andrius Kubilius, a salué cette signature comme le lancement d’une « vision d’une Europe plus forte, plus connectée et plus résiliente ».
« Iris² démontre la détermination et l’engagement de l’Union à renforcer la position spatiale mondiale de l’Europe, tant en termes de sécurité que de compétitivité, au bénéfice de nos gouvernements, de nos entreprises et de nos citoyens », a déclaré Kubilius.
Plus de la moitié du budget du projet sera financé par l’UE, avec 4,1 milliards d’euros provenant d’investissements privés et 550 millions d’euros de l’Agence spatiale européenne (ESA).
Ce lancement intervient alors que le marché de la connectivité spatiale à haut débit, particulièrement utile pour desservir les régions isolées, est devenu ultra-compétitif.
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6 000 satellites
Plus tôt cette année, Starlink affirmait avoir déjà mis en orbite plus de 6 000 satellites, au service de 2,6 millions de clients.
Même si Iris² compte sur un nombre inférieur de satellites, sa conception multiorbitale le place à égalité avec une constellation d’environ 1 000 satellites Starlink en termes de performances, ont déclaré des responsables de l’UE.
L’infrastructure terrestre d’Iris² sera située exclusivement en Europe avec des centres de contrôle au Luxembourg, en France et en Italie. Le système sera pleinement opérationnel d’ici 2030.
« Ce programme répond non seulement aux besoins actuels en matière de connectivité, mais jette également les bases de l’autonomie stratégique de l’Europe dans un monde numérisé », a déclaré le bloc dans un communiqué.
Iris² est le troisième grand projet spatial de l’UE, après le système de navigation par satellite Galileo et la constellation de satellites de surveillance de la Terre Copernicus.
(Avec les fils de presse)