La désignation du chef du gouvernement, initialement attendue pour jeudi soir, devrait désormais être révélée vendredi matin. Comme à son habitude, Emmanuel Macron semble éprouver des difficultés à prendre une décision concernant la personne qui occupera le poste de Premier ministre à Matignon.
Le chef de l’État détient un pouvoir singulier, celui de désigner le dirigeant du gouvernement, tel que stipulé dans l’article 8 de notre Constitution : « Le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement ». Emmanuel Macron semble rencontrer quelques difficultés à exercer ce pouvoir. En mai 2022, il avait mis trois semaines pour désigner Élisabeth Borne, et Catherine Vautrin avait presque été choisie à sa place. Deux mois avaient été nécessaires pour finalement sélectionner Michel Barnier au début du mois de septembre. Cette fois-ci, le délai devrait être plus court, soit huit jours après le vote de censure, avec une annonce prévue pour le vendredi 13 décembre au matin, mais qui sait. L’annonce était initialement prévue par l’Élysée pour le vendredi précédent, puis repoussée au jeudi.
Ce qui est particulièrement crucial ici, c’est la question du « qui ». Le « comment » a déjà été clarifié mardi à l’Élysée, lors de la rencontre des partis de l’« arc républicain »; le « comment », c’est cette stratégie qui vise à parvenir à un arrangement de non-censure du gouvernement à l’Assemblée. Une fois le cadre politique établi, le choix de la personne à Matignon aurait pu sembler simple. Pourtant, ce n’est pas le cas. Qu’il s’agisse de prendre des mesures sur la scène mondiale ou en matière de politique intérieure, par exemple, dissoudre l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron ne tarde généralement pas. Cependant, désigner un candidat chanceux n’est pas aussi simple ; il hésite, retarde, change ses plans, de peur de provoquer trop de déceptions.
C’est une facette du « en même temps » qui essaie de plaire à tout le monde au risque de déplaire à beaucoup. Une décision politique peut être ajustée, revue, modifiée ; mais une nomination est finale. C’est un oui, ou c’est un non !
« Décider, c’est choisir »
Depuis sept ans, que ce soit pour la Cour des comptes, le Château de Versailles, ou l’Institut du monde arabe, entre autres institutions, le président semble avoir du mal à « nommer aux emplois civils et militaires », comme le mentionne l’article 13 de la Constitution. « Décider, c’est choisir », proclamait Pierre Mendès-France. Et cela commence dès la désignation. Mais nommer implique de confier une part de son autorité à d’autres.
En remettant constamment à plus tard, Emmanuel Macron semble chercher à retrouver une période révolue où son pouvoir n’était pas limité par l’absence d’une majorité. Plus le temps avance, plus l’art de la nomination semble lui devenir pénible. Comme l’écrivait Marcel Proust, pour atténuer sa peine, « il faut d’abord la vivre jusqu’au bout ».