Le Chinese Business Club a tenu une session de discussions ce vendredi à Paris, en accueillant Jordan Bardella, président du Rassemblement National. Un certain nombre de chefs d’entreprise expriment des réserves concernant la compétence de François Bayrou à saisir les défis du monde économique.
C’est François Bayrou qui a récemment été désigné comme Premier ministre, une annonce faite le vendredi 13 décembre. Alors que l’Élysée publiait son communiqué vers 12h40, Jordan Bardella, chef du Rassemblement national, se dirigeait vers le Grand Hôtel Continental situé dans le 8e arrondissement de Paris. Il y rencontrait des chefs d’entreprise, étant invité par le prestigieux Chinese Business Club.
Bien que l’accueil soit chaleureux, Bardella ne se trouve pas parmi des partisans fervents. En sa qualité de président du RN, il est sollicité pour partager sa vision économique. C’est Harold Parisot, qui dirige le Chinese Business Club, qui ouvre le bal des questions en sollicitant son avis sur la récente nomination de François Bayrou. « La question demeure inchangée : poursuivra-t-il dans les pas d’Emmanuel Macron ou tiendra-t-il compte de la volonté de changement exprimée massivement par les Français lors des récentes européennes et des législatives ? », répond Bardella.
Les entrepreneurs présents dans la salle ont leurs propres interrogations. La désignation de François Bayrou à la tête du gouvernement suscite chez eux des réserves. Richard, par exemple, considère Bayrou comme un vestige du passé politique. « Cela me rajeunit de le voir, je le connais depuis les années 1980, » explique-t-il. « Cependant, je suis sceptique car ses méthodes sont dépassées, tandis que le monde change rapidement. »
« Je lui adresse mes encouragements »
Frédéric Timbert, un industriel, renchérit en soulignant que, peu importe qui occupera le poste, Bayrou ou un autre, ses capacités d’action seront limitées à cause d’une Assemblée profondément divisée. « Quelle que soit la personne, vu le climat politique actuel, je lui souhaite bonne chance car la tâche s’annonce ardue. »
Bien qu’il reconnaisse les talents de conciliateur de François Bayrou, Frédéric Muller, entrepreneur spécialisé dans l’immobilier, aurait préféré quelqu’un de plus déterminé et engagé. « J’aurais espéré quelqu’un d’un peu plus résolu, » déclare-t-il en évoquant Roland Lescure, dont le nom a été mentionné pour la fonction de Premier ministre. « Lescure, avec son expérience d’entrepreneur, aurait été plus à même de comprendre les besoins du monde de l’entreprise. »
« Mais idéalement, il aurait fallu tout recommencer : Emmanuel Macron démissionner, organiser de nouvelles élections présidentielles, et repartir de zéro. »
Frédéric Muller, entrepreneur dans l’immobilierà 42mag.fr
« Dans la situation actuelle, j’ai l’impression que l’on va traîner cette situation jusqu’à la fin du mandat de Macron, et reproduire les mêmes difficultés, » lamente Muller. Beaucoup de mes clients ont d’ailleurs mis un frein à leurs investissements en attendant des éclaircissements sur la politique à suivre et sur les opportunités d’optimisation fiscale en France. » La question des dispositifs fiscaux que François Bayrou mettra en place suscite beaucoup d’interrogations parmi les participants de cette rencontre organisée par le Chinese Business Club.