Samedi, le président a révélé qu’un haut-commissaire pour l’Enfance serait désigné à partir de janvier. Cette déclaration intervient cinq jours après la formation d’un nouveau gouvernement qui ne comprenait aucun ministre spécifiquement attribué à ce domaine.
Dans le paysage politique actuel, la protection de l’enfance a disparu des intitulés officiels des ministères du gouvernement de François Bayrou. Cette omission a suscité de vives inquiétudes parmi les associations concernées. Pour remédier à ce problème, Emmanuel Macron a annoncé, le samedi 28 décembre, la mise en place d’un haut-commissariat consacré à l’enfance dès le mois de janvier. La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, qui a également sous sa tutelle les questions du Travail, des Solidarités et des Familles, a exprimé son soutien sur la plateforme X pour cette initiative, tout en s’engageant à œuvrer personnellement dès les prochains jours pour la protection de l’enfance.
Un haut-commissariat pour favoriser la stabilité
Dans le contexte actuel, où la responsabilité de la petite enfance a été gérée par la ministre déléguée Agnès Canayer avant la dissolution du gouvernement Barnier, le haut-commissariat semble être une solution durable. Selon les informations dévoilées par Le Figaro dès vendredi, l’objectif d’Emmanuel Macron est d’externaliser cette mission cruciale pour qu’elle ne subisse pas les aléas de l’instabilité politique. Un haut-commissaire, qu’il soit gouvernemental ou administratif, conserve en effet son rôle, même en cas de remaniement. C’est un avantage considérable dans le contexte actuel où l’Assemblée nationale est divisée en trois grands blocs depuis les dernières élections législatives. François Bayrou, qui a tenu le poste de haut-commissaire au Plan depuis septembre 2020, en est un exemple, ayant conservé sa position malgré plusieurs remaniements successifs.
Cependant, cette instabilité ministérielle constitue un problème majeur identifié par les associations pour la protection de l’enfance. Comme le rappelle Martine Brousse, présidente de La Voix de l’enfant, « En un an, la France a vu se succéder quatre ministres de la Famille et de l’Enfance ». Le cabinet de Catherine Vautrin confirme les bienfaits d’un haut-commissariat pour assurer une continuité. Le gouvernement semble donc enclin à donner à ce futur haut-commissariat un statut administratif et stable, bien que sa structure exacte n’ait pas encore été formellement dévoilée.
Une approche transversale facilitée par un statut stable
Pour accomplir efficacement ses missions, le haut-commissariat devra collaborer avec plusieurs ministères, une méthode qui bénéficie d’un certain soutien parmi les associations. Florine Pruchon, coordinatrice de la Dynamique des droits de l’enfant, souligne l’importance d’une vision d’ensemble pour aborder les questions concernant les enfants, qui sont souvent traitées séparément entre les ministères du Logement, de la Famille et de la Santé. Elle défend fortement l’idée d’une feuille de route commune établie en concertation avec les associations concernées.
Martine Brousse exprime également son enthousiasme pour la création de ce haut-commissariat, qu’elle et d’autres ont réclamé durant trois ans, pour l’enfance et la jeunesse. Elle estime qu’un tel poste permettrait de mettre en place une politique à long terme, pluridisciplinaire et transministérielle. Extérieur au gouvernement, le haut-commissaire pourrait ainsi œuvrer avec divers ministres et autorités publiques pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies globales. La question demeure cependant de savoir avec quels moyens.
Les associations se préoccupent de l’efficacité potentielle de ce haut-commissariat, craignant que son influence et ses marges de manœuvre ne soient limitées. En comparaison avec un ministre, un haut-commissaire ne dispose pas de la même visibilité ou des mêmes ressources humaines. Florine Pruchon insiste sur la nécessité d’un ministère spécialisé, avec une véritable dimension politique.
Le danger d’une réforme symbolique ?
Adeline Hazan, ancienne élue socialiste et actuelle présidente de l’Unicef France, a exprimé son besoin de voir ce haut-commissariat doté de ressources humaines et financières adéquates pour pouvoir mener une action autonome et coordonnée avec les autres ministères. Sans cela, elle craint que cette mesure ne soit qu’un geste symbolique.
De plus, Lyes Louffok, un militant engagé dans la cause de la protection de l’enfance, a critiqué sur X cette transformation en déclarant que remplacer le ministère de l’Enfance par un haut-commissariat, privé de poids politique et absent des délibérations du Conseil des ministres, pourrait ne rien résoudre. Il se demande si la mise en place d’un tel dispositif portera réellement ses fruits.
Les contours exacts de ce haut-commissariat, son champ d’action, les administrations qu’il supervisera potentiellement et son financement feront l’objet d’une attention soutenue. Selon le ministère de l’Education nationale, le haut-commissaire disposera de moyens pour agir et collaborera étroitement avec la ministre de la Santé. Les détails de sa mission et le nom de la personne qui en sera chargée devraient être précisés lors du premier Conseil des ministres du gouvernement Bayrou, prévu le 3 janvier.