Gabriel Attal marque une différence notable par rapport à ceux qui l’ont précédé à la tête du gouvernement, comme Élisabeth Borne et Michel Barnier. En effet, aucun d’entre eux n’a jamais envisagé de revenir sur l’âge légal de départ à la retraite fixé à 64 ans.
François Bayrou relance ainsi le débat sur l’âge de la retraite. Le chef du gouvernement affirme qu’« une alternative à l’augmentation de l’âge à 64 ans existe ». Ce point est au cœur de la réforme controversée d’Emmanuel Macron en 2023. Bayrou se dit ouvert à l’idée de considérer « d’autres approches », à écouter ceux qui suggèrent la possibilité d’« organiser différemment » le système.
Le dirigeant rappelle qu’il avait soutenu ardemment le système de retraite à points, un projet porté par Emmanuel Macron lors de son premier mandat. Ce projet a toutefois été abandonné en raison des complexités techniques énormes qu’il engendrait. L’objectif de la retraite à points est justement d’éliminer toute barrière liée à l’âge de départ à la retraite.
Le défi du financement
En ce qui concerne la réforme des retraites proposée en 2023, le Premier ministre adopte une position ambigüe. Dans une apparente contradiction, il semble prêt à reconsidérer la fixation à 64 ans tout en affirmant ne pas vouloir révoquer ou mettre en suspens la réforme actuelle. Cette attitude « en même temps » offre aux partis politiques et aux partenaires sociaux l’occasion de discuter, négocier et trouver un compromis d’ici septembre 2025. A défaut d’accord, la réforme initiale reprendra ses droits. En d’autres termes, il revient aux acteurs concernés de démontrer leur responsabilité, sous peine de défaut de changement.
Le principal enjeu demeure le financement. Avancer l’âge de départ fournit encore de substantielles ressources au régime, mais même avec une retraite à 64 ans, un déficit de 10 milliards d’euros est prévu pour 2025. Ouvrir à nouveau ce dossier peut être une stratégie politique judicieuse, toutefois elle comporte des risques économiques considérables, notamment en pouvant inquiéter les marchés financiers. Pour ces derniers, remettre en question le report de l’âge de départ rime avec creusement des déficits publics. Sur le plan social, l’approche est également délicate. François Bayrou pourrait raviver les espoirs chez les opposants à la réforme de Macron. Ces espoirs risquent cependant d’être vite déçus si, en septembre 2025, les partis politiques échouent à s’accorder sur de nouvelles solutions.