L’histoire s’est rapidement propagée dans toute l’Italie, à tel point que les médias italiens l’ont surnommée « Sœur ‘Ndrangheta », en référence à la célèbre organisation criminelle de Calabre avec laquelle elle serait impliquée. Actuellement en résidence surveillée, la religieuse patiente en attendant que son jugement ait lieu.
On lui accorderait volontiers toute notre confiance, avec son visage aux joues rondes et sa chevelure argentée qui dépasse de son couvre-chef. Toutefois, derrière cette apparence angélique, pourrait bien se dissimuler une alliée du monde criminel. Anna Donnelly, une sœur italienne de 57 ans, appréhendée mercredi 4 décembre, dans le cadre d’une enquête complexe menée par le parquet de Brescia, est désormais dans le collimateur de la justice. Cette enquête fait suite à une opération policière menée en Lombardie, dans le nord-est de l’Italie, une région connue pour être le fief de plusieurs réseaux criminels, notamment la redoutée « Ndrangheta« , la mafia calabraise. Cette organisation criminelle est celle que la religieuse est soupçonnée d’avoir assistée, exploitant les missions religieuses qu’elle effectuait en tant que bénévole dans les prisons.
Selon les investigations, Anna Donnelly aurait tiré avantage de ses visites et de l’accès qu’elle avait aux détenus de Brescia et de Milan pour créer des liens entre les prisonniers et leurs familles durant les périodes où les visites étaient interdites. De plus, elle aurait transmis des messages servant à la « préparation de tactiques criminelles« , selon le juge d’instruction. La religieuse se serait également rendue dans le bureau d’une entreprise appartenant à un chef de la Ndrangheta.
Placée en détention à domicile
À ce jour, rien dans le dossier n’indique qu’elle ait bénéficié d’une quelconque rétribution en échange de ce « partenariat » avec la mafia. Cependant, la sœur est placée en détention à domicile. Ceux qui la connaissent bien ne cessent de la défendre, soulignant qu’elle a toujours suivi un chemin de probité.
Entrée dans la vie religieuse à l’âge de 21 ans, Anna Donnelly a longtemps consacré ses efforts aux quartiers défavorisés des banlieues de Pavie, Rome ou Milan. Elle travaillait aussi depuis 2010 dans les pénitenciers italiens, une activité qui avait « changé ma perspective« , disait-elle, il y a quelques années à un média local : « Depuis que je fais des missions en prison, je m’efforce de percevoir l’individu avant tout ; l’être humain comme auteur d’un délit et comme victime. Car ces deux aspects existent aussi en moi : le bon comme le mauvais« . Cette déclaration est pour certains journalistes une confession déguisée.