Dans ce nouveau film réalisé à la main, une équipe de plus de 200 personnes a concentré ses efforts sur les figurines en pâte à modeler, réussissant à produire jusqu’à deux minutes de séquences animées chaque semaine.
Le retour tant attendu de Wallace et Gromit
Après deux décennies d’absence, Wallace et Gromit font un retour triomphant au cinéma avec un tout nouveau film sorti pour les fêtes de fin d’année. Ce film est un projet ambitieux qui se distingue par l’utilisation de pâte à modeler face à l’essor de l’intelligence artificielle. Les spectateurs britanniques pourront le visionner en exclusivité le jour de Noël sur la BBC, tandis que les amateurs de films d’animation du monde entier, y compris en France, devront patienter jusqu’au 3 janvier pour le découvrir sur Netflix.
Sous leur toit de briques très british, Wallace, l’excentrique inventeur, et Gromit, son chien stoïque, continuent de savourer les plaisirs simples de la vie : confortablement installés sur leur canapé, dégustant divers fromages ou sirotant un thé. Cependant, leur serrure tranquille est bientôt menacée par la dernière création de Wallace, un robot nommé Norbot. Ce robot, censé être une aide polyvalente et boostée par l’intelligence artificielle, va chambouler leur quotidien. Néanmoins, le retour inattendu de Feather McGraw, le pingouin criminel enfermé depuis trois décennies, vient compliquer les choses. Manipulé par le maléfique volatile, Norbot devient une machine incontrôlable.
Un chef-d’œuvre artisanal
Selon Nick Park, le créateur de Wallace et Gromit, « Norbot représente l’invention la plus ingénieuse développée par Wallace ». Park, récompensé à plusieurs reprises par l’industrie du cinéma, continue de faire vivre le stop-motion, une technique centenaire qui requiert patience et savoir-faire. L’animation image par image, avec des personnages conçus minutieusement en pâte à modeler, a fait la réputation d’Aardman, le fameux studio derrière des œuvres inoubliables comme « Shaun le mouton » et « Chicken Run ». Wallace et Gromit incarnent à merveille cette tradition.
Dans « La palme de la vengeance », Wallace se montre comme un passionné de technologie, tandis que Gromit reste sceptique vis-à-vis des innovations modernes. Le film, à la fois humoristique et accessible à tous, aborde la progression rapide de l’intelligence artificielle et son impact sur nos vies — y compris dans le paisible univers de nos héros. « Wallace est emballé par sa fantaisie de confier des tâches à un robot », explique Park, « alors que Gromit symbolise l’humanité, préférant accomplir ses devoirs avec ses propres compétences ».
Lutte entre nouvelle technologie et artisanat ancien
À une période où l’intelligence artificielle est omniprésente et prétend prendre en charge tout et n’importe quoi, le film questionne notre capacité à garder le contrôle et à établir un équilibre sain avec les nouvelles technologies, souligne Park. « Même si l’histoire est résolument moderne, elle est racontée dans un style classique », poursuit-il.
Park admet apprécier les avantages de la technologie actuelle. Mais il s’interroge : « Améliore-t-elle réellement nos vies et nos relations humaines, ou les endommage-t-elle ? » Merlin Crossingham, co-réalisateur du film, renchérit en disant que « l’intelligence artificielle est comparable à un couteau bien affûté: elle peut être bénéfique dans certaines situations mais dangereuse dans d’autres ».
Pour ce projet, tout a été fait manuellement, affirme Park en souriant : « Nous n’avons pas utilisé l’intelligence artificielle pour créer Wallace et Gromit. Chaque détail provient du travail d’êtres humains, et cela se ressent à l’écran. » Lors de la réalisation de ce film, qualifié de « fait main », une équipe de 200 personnes a travaillé sans relâche pour animer les personnages en pâte à modeler, produisant seulement deux minutes de film par semaine. Bien que la technologie puisse parfois faciliter le travail dans l’industrie cinématographique, Park insiste sur l’importance de percevoir les traces de doigts sur les marionnettes artisanales à l’écran.