Alors qu’UberEats et Deliveroo se préparent aux réformes des paiements mandatées par l’UE pour mieux protéger leurs livreurs, un centre communautaire parisien offre déjà un soutien et un refuge aux travailleurs confrontés à des conditions difficiles.
Le Maison des Coursiers (« Riders’ House »), située dans un ancien bâtiment utilitaire d’EDF, est devenue un refuge pour les cyclistes livreurs de nourriture de la ville, leur offrant des services juridiques et administratifs gratuits, ainsi que des commodités pratiques.
« Il y a une grande salle où attendent les coureurs. Il y a du café, du thé et de la nourriture à disposition. Il y a un micro-ondes, des toilettes, des prises pour recharger les téléphones ou les batteries », a expliqué à 42mag.fr Circé Lienart, qui coordonne la Maison des coursiers depuis son ouverture en 2021.
« Nous sommes situés boulevard Barbès (artère principale du nord de Paris), ce qui facilite la venue des cyclistes et permet également de sécuriser leur vélo. »
Pour de nombreux livreurs confrontés à des conditions météorologiques difficiles et à de longues heures de travail, cet espace constitue un soulagement bienvenu.
« On vient parfois ici pour prendre du temps, se réchauffer, surtout par temps froid, prendre un café », raconte l’un d’entre eux.
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Problèmes de santé
Payés à la livraison et gagnant bien en dessous du salaire minimum, les cyclistes courent des risques importants.
« Nous les aiderons à accéder aux droits aux soins de santé, car s’ils ont un accident, il est très important qu’ils puissent toujours se faire soigner. C’est un travail assez sujet aux accidents. Et il existe d’autres risques pour la santé », a déclaré Lienart.
Un cavalier qui s’est rendu au centre explique : « J’avais rendez-vous avec l’infirmière pour des bilans de santé liés au travail, souvent des problèmes musculaires ou parfois des infections, tout ça… C’est vraiment dur, mais on n’a pas le choix. »

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Assistance juridique
La pièce principale aux couleurs vives sert à la fois d’espace de pause et de centre d’assistance. Ladji, livreur ivoirien, finit son poisson et attiéké en attendant son rendez-vous.
« Je viens ici pour plusieurs démarches. Je dirais même pour tout. Envoyer mes CV aux entreprises, prendre des rendez-vous en préfecture, à la caisse des allocations familiales, à la sécurité sociale… Je viens tout régler ici », dit-il.
De nombreux coureurs sont sans papiers et dans une situation précaire en termes de statut d’immigration.
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« Au début, nous avions une grande majorité de personnes en situation irrégulière. La difficulté, c’est que les coureurs travaillent beaucoup, encore plus que les salariés réguliers en général », explique Lienart.
« Mais ils ne peuvent pas accéder à la régularisation par le travail, soit parce que le compte n’est pas à leur nom, soit parce qu’ils ont des factures plutôt que des fiches de salaire.
« Et les préfectures ne permettent pas la régularisation par le travail. C’est aussi pour ça qu’il y a une surreprésentation par rapport aux autres emplois. »
Après le succès des centres de Paris et Bordeaux, des projets similaires sont prévus à Lille et Grenoble.
► Ce reportage a été réalisé par Sylvie Koffi pour le podcast 42mag.fr Reportage en France.