Dans les séries et films récents, certaines héroïnes choisissent de vivre des histoires d’amour avec des partenaires bien plus jeunes qu’elles, parfois proches de l’âge de leurs propres enfants. Ces personnages osés ignorent les commérages et les jugements de la société pour suivre leur cœur, tout comme on le voit dans la réalité. Voici un tour d’horizon de quelques œuvres récentes illustrant ce phénomène.
Dans le dernier long-métrage intitulé Babygirl, Nicole Kidman incarne une femme fascinée par un homme nettement plus jeune qu’elle, lui laissant littéralement le contrôle. Bien que souvent reconnues comme « victimes », ces femmes ont été rapidement désignées par le terme « cougars », inspiré d’un prédateur puissant originaire d’Amérique du Nord. Ce mot, qui a fait son apparition dans le dictionnaire Le Robert en 2011, décrit une « femme d’expérience cherchant et séduisant des hommes beaucoup plus jeunes ». La popularité de ce concept est notablement attribuée à l’écrivaine Valerie Gibson, qui publia en 2001 un manuel destiné aux potentielles cougars. En évoquant son ouvrage, Valerie Gibson souligne : « Mon livre Cougar a présenté au monde sceptique l’idée que les femmes célibataires de plus de 40 ans sont sensuelles, sexuelles, désirables, précieuses pour la société et, surtout, attirantes pour les hommes plus jeunes ». Dans ses écrits, elle examine le profil d’une femme osant revendiquer sa liberté, en particulier sur le plan sentimental.
Le cinéma et les séries télévisées ont souvent exploré ce sujet sensible. En Corée du Sud, ce thème a donné naissance à un style cinématographique au sein des « dramas » (séries coréennes) dénommé « Noona Romance » (où un jeune homme appelle une femme plus âgée « noona »). Les fictions présentent ces femmes comme sûres d’elles-mêmes mais conscientes des tabous sociétaux concernant ces relations. Dans une société encore dominée par le patriarcat, l’idée qu’elles puissent séduire leurs partenaires est trop rarement envisagée. Ces œuvres soulèvent des interrogations, par exemple : qu’est-ce qu’un jeune homme pourrait bien découvrir chez une femme plus âgée ? La réponse pourrait bien être la même que celle d’une jeune femme fascinée par un homme plus expérimenté. Cependant, ce type de relation, lorsque l’homme est le plus âgé, attire beaucoup moins l’attention.
Franceinfo Culture propose un panorama de fictions récentes, souvent des récits amoureux se terminant positivement, ainsi que quelques classiques incontournables sur ce sujet, à voir ou revoir. Chaque fiction explore la relation dans un cadre unique et traite de manière innovante cette thématique. Ces histoires ont un point commun déterminant : elles soulignent le rôle central des jeunes amants dans la continuité de la relation amoureuse.
« L’Amour trompé » (2024)
Gabriella, jouée par l’actrice italienne Monica Guerritore, a 60 ans et gère un hôtel sur le splendide littoral d’Amalfi, en Italie. C’est ici qu’elle fait la connaissance du séduisant Elia (incarné par Giacomo Gianniotti, connu pour son rôle dans Urgences). La passion éclate immédiatement. Gabriella ne tarde pas à rappeler à son amant, qui a la moitié de son âge, qu’elle pourrait presque être sa mère. Élégamment, il rétorque que cela ne le dérange pas. Trois enfants de Gabriella se persuadent qu’Elia n’en veut qu’à la fortune de leur mère, car il serait « trop beau » pour une femme de son âge.
Cette mini-série en six épisodes, diffusée sur Netflix, explore tous les stéréotypes et complications qui pourraient affronter leur amour. Bien que Gabriella soit emportée par la passion, elle reste réaliste et essaie d’assumer ses choix au nom de son droit à être aimée et désirée. Elle constate que si son père était avec une compagne plus jeune, ses enfants seraient bien moins concernés par sa santé mentale. L’Amour trompé est une adaptation d’une mini-série anglaise, The Doubt (2019, vue sur France 2 en 2021), et la série Netflix, déconseillée au moins de 16 ans, est l’œuvre de Pappi Corsicato.
« L’idée d’être avec toi » (2024)
Adapté du livre The Idea of You par Robinne Lee, L’Idée d’être avec toi (disponible sur Amazon Prime) relate l’histoire de Solène (interprétée par Anne Hathaway), mère célibataire de 40 ans qui accompagne inopinément sa fille au festival de Coachella pour voir le groupe August Moon en live.
Elle tombe alors amoureuse de Hayes Campbell (Nicholas Galitzine), le chanteur de 24 ans du groupe pop en vogue. Outre la différence d’âge, elle doit aussi composer avec la célébrité de ce jeune amant. Cette situation est déstabilisante pour la galeriste, qui doute de la durabilité de leur relation, s’estimant « trop vieille » pour lui. Ce sentiment n’est pas du tout partagé par Hayes.
« Les Dessous de la famille » (2024)
Dans Les Dessous de la famille (A Family Affair à voir sur Netflix), Nicole Kidman joue une fois de plus le rôle d’une femme plus âgée, mais cette fois-ci, le ton est plus léger comparé au film Babygirl. Zara (Joey King), la fille de Brooke (Kidman), se retrouve dans une situation inhabituelle en découvrant que sa mère fréquente Chris Cole (Zac Efron), la star insupportable dont elle est l’assistante.
Le film met en lumière trois générations de femmes : la grand-mère de Zara, incarnée par la talentueuse Kathy Bates, Zara elle-même, et sa mère, face à une relation amoureuse qui chamboule leur famille. Zac Efron et Nicole Kidman se retrouvent encore une fois dans une romance à l’écran, plus joviale que leur précédente collaboration dans Paperboy (2012).
« Lonely Planet » (2024)
Owen, incarné par Liam Hemsworth, accompagne sa compagne, jeune écrivaine, lors d’une résidence d’écriture au Maroc. Délaissé quelque peu, il passe du temps avec une romancière célèbre que sa compagne admire également et qui est présente à la résidence. Katherine (interprétée par Laura Dern), en panne d’idées, trouve dans ses échanges avec Owen une distraction dont elle devient dépendante.
Owen apprécie l’attention bienveillante de Katherine. Quand elle lui dit « que c’est un garçon dont elle pourrait tomber amoureuse », il est chamboulé. Cette œuvre offre une exploration psychologique intéressante de la relation. Elle démontre, une fois encore, que les femmes hésitent souvent à admettre leur droit au bonheur amoureux, peu importe l’âge de leur partenaire. Disponible sur Netflix, Lonely Planet est scénarisé et dirigé par Susannah Grant.
« Tout à fait son style » (2023)
Après une séparation douloureuse, Jenna (Gabrielle Union) retourne à New York pour reprendre sa carrière dans l’édition de mode. Elle se rapproche de Darcy (Gina Torres), une ancienne rivale et mère du charmant jeune homme qu’elle vient de rencontrer, Eric (Keith Powers). Hasard ou non, Eric est également le vidéaste assigné à son projet éditorial. Même si leur aventure devrait rester discrète, leur travail en commun les pousse vers une proximité passionnée. La comédie romantique sous la direction de Numa Perrier est à voir sur Netflix.
« Mes rendez-vous avec Léo » (2022)
Enseignante retraitée et veuve, Nancy Stokes (Emma Thompson) décide de revivre une vie intime véritable en engageant les services d’un jeune escort boy, Léo Grande (Daryl McCormack). Le film de Sophie Hyde explore avec tendresse et réalisme la vie sexuelle au-delà de 60 ans.
Le duo formé par Thompson et McCormack à l’écran est rafraîchissant et ajoute une dimension émotive d’une grande profondeur à leur histoire. Emma Thompson s’engage pleinement dans cette interprétation émotive, tout comme son séduisant partenaire. Le film est accessible sur Canal VOD parmi d’autres plateformes de streaming.
« Les Jeunes amants » (2021)
L’indépendante Shauna (Fanny Ardant), âgée de 71 ans, retrouve Pierre (Melvil Poupaud), âgé de 45 ans et engagé. Bien que le coup de foudre soit immédiat, Shauna est réticente à bouleverser la vie de Pierre, malgré ses sentiments profonds. Tardieu traite cette culpabilité que ressentent les femmes dans ces relations, convaincues que leur âge avancé est un handicap en amour.
Fanny Ardant excelle dans les comédies romantiques où elle joue des femmes matures liées à des partenaires plus jeunes. Son rôle dans Les Beaux jours (2013) face à Laurent Laffite ou, plus tard, Melvil Poupaud (Les Jeunes amants), propose une représentation captivante de femmes préoccupées par le fardeau qu’elles pensent imposer à leurs amants.
Fanny Ardant pourrait partager ce domaine de prédilection avec Susan Sarandon, qui a également mis en scène plusieurs films similaires. Dans La Fièvre d’aimer (White Palace, 1990), Luis Mandoki offre à Susan Sarandon le rôle de Nora Baker, la serveuse qui séduit Max Baron, interprété par James Spader, âgé de 27 ans. Et dans Duo à trois (Bull Durham, 1998) de Ron Shelton, c’est Tim Robbins qui succombe à ses charmes. Dans cette histoire, Annie (Susan Sarandon) est fervente supportrice de l’équipe de base-ball de sa région, et Nuke Laloush (Tim Robbins), la nouvelle recrue, se laisse séduire par elle. Tim Robbins et Susan Sarandon ont même poursuivi leur idylle à l’extérieur des plateaux de cinéma pendant plusieurs années.
« Something in the Rain » et « Encounter » (2018)
Les Sud-Coréens ont maîtrisé l’art de raconter des histoires d’amour entre femmes plus âgées et jeunes hommes dans leurs séries. Deux remarquables actrices sud-coréennes brillent dans Encounter et Something in the Rain, accompagnées de coéquipiers tout aussi excellents. Ces séries de 16 épisodes chacune, disponibles sur Netflix, raviront les amateurs de comédies romantiques complexes mais aux conclusions heureuses.
Something in the Rain aborde le quotidien de Jin-ah (Son Ye-jin), trentenaire dont le quotidien tourne en rond jusqu’à sa rencontre avec Joon-Hee (Jung Hae-in), le frère de sa meilleure amie revenu des États-Unis, travaillant dans le même bâtiment qu’elle. Leur relation, débutée discrètement, suscite désapprobation, notamment parmi la famille de Jin-ah.
Encounter voit Song Hye-kyo (Glory) évoluer aux côtés de Park Bo-gum. Soo-hyun, l’héroïne, fille d’un politicien influent et ancienne épouse d’un riche héritier, mène une vie peu épanouissante. Son déplacement professionnel à Cuba lui révèle une rencontre avec Jin-hyuk, un jeune coréen transformant son séjour. De retour en Corée, elle découvre qu’une relation professionnelle inattendue les lie désormais.
Dans un contexte où les différences sociales et d’âge se dressent entre eux, ils tentent de ne pas contrarier leur attirance réciproque. Néanmoins, leur quotidien amoureux se transforme en parcours du combattant.
Et aussi, les incontournables…
Harold et Maude d’Hal Ashby (1971) dépasse le simple cadre du film sur les relations improbables entre une femme mûre et un jeune homme. Le jeune Harold (Bud Cort), fasciné par la mort, enchaîne les fausses tentatives de suicide, au grand désarroi de sa mère. Sa rencontre avec Maude (Ruth Gordon), survivante de l’Holocauste âgée de 79 ans, à l’un de ces funérailles bouleverse sa perception de la vie. Le deuxième film d’Ashby est une comédie noire poignante ainsi qu’une grande histoire d’amour. Maude guide Harold vers une nouvelle vision de la vie et l’épanouissement personnel.
Il serait difficile d’évoquer le concept des « cougars » au cinéma sans mentionner l’emblématique Mrs. Robinson, remarquablement interprétée par Anne Bancroft dans Le Lauréat (1968) de Mike Nichols. Dans ce film, elle entreprend de séduire Benjamin, le fils de l’un des associés de son mari, joué par Dustin Hoffman. Mais rapidement, ce jeune homme se prend d’affection pour Elaine, la fille de Mrs. Robinson, donnant au film une dynamique complexe et fascinante.