L’ancienne épouse de Michel Fourniret, connu comme tueur en série, a admis avoir participé au meurtre de Lydie Logé, une jeune femme disparue en 1993 dans le département de l’Orne. Les autorités poursuivent actuellement leurs investigations dans l’espoir de localiser ses restes.
Le 18 décembre 1993, Lydie Logé retourne chez elle en voiture en début de soirée, dans le village de Saint-Christophe-le-Jajolet, dans l’Orne. Âgée de 29 ans, cette mère de famille, séparée du père de son enfant de 7 ans qui passait ce jour-là du temps avec lui, vient juste de faire du shopping de Noël en compagnie d’une amie. Cette dernière sera par ailleurs la dernière à avoir vu Lydie Logé vivante.
Cette jeune femme disparaît mystérieusement devant sa maison. Elle converse au téléphone avec sa mère et sa tante vers 19 heures. Mais, deux heures plus tard, l’une de ses sœurs qui tente de la joindre, n’obtient aucune réponse. Le lendemain, sa voiture est toujours garée devant son garage avec les clés encore sur le contact, rapporte Ouest-France. Les emplettes de Noël et le sapin restent dans le coffre, selon France 2. Lydie Logé reste introuvable. Tout indique qu’il ne s’agit pas d’un départ volontaire et la piste criminelle est privilégiée.
Trente et un ans après, son corps n’a toujours pas été retrouvé. Toutefois, l’espoir demeure : le 21 janvier dernier, Monique Olivier, la veuve du tueur en série Michel Fourniret, a été extradée de la prison de Fleury-Mérogis pour se rendre dans l’Orne jusqu’au jeudi. Le but : « essayer de susciter ses souvenirs », déclare Corinne Herrmann, avocate de la famille Logé, à 42mag.fr. Cette initiative intervient peu après que Monique Olivier ait reconnu sa participation dans le meurtre de Lydie Logé.
Les découvertes ADN dans le véhicule du criminel
Pour comprendre comment Michel Fourniret et son ex-femme sont liés à cette affaire, il faut remonter à décembre 2019. Bien que l’affaire ait été clôturée à deux reprises, la juge d’instruction Sabine Kheris relance l’enquête dix ans plus tard. Experte des affaires concernant Michel Fourniret, elle s’immerge dans l’univers du tueur en série pour mieux le confronter. À cette époque, elle réalise que l’urgence s’impose : la santé de Fourniret décline rapidement. Une douzaine de traces génétiques non identifiées sont découvertes dans son fourgon blanc. « L’ADN trouvé sur un cheveu dans le camion de Michel Fourniret ‘correspond’ à celui de Lydie Logé », indique Corinne Herrmann.
Comment ce couple, uni par un pacte odieux et résidant en Belgique, a pu croiser le chemin de Lydie Logé ? Sabine Kheris découvre qu’en 1993, les époux se rendaient souvent à Nantes (Loire-Atlantique), où vivait le père de Monique Olivier, et transitaient par l’Orne, d’après France 2.
Trois ans auparavant, à Nantes, le couple avait déjà capturé Natacha Danais, âgée de 13 ans, selon un plan bien élaboré. Auraient-ils pu s’en prendre à une femme de 29 ans ? La juge d’instruction découvre dans la cellule de prison de Michel Fourniret des écrits concernant des carrières à Tinchebray, à environ soixante kilomètres de chez Lydie Logé. « Il n’est pas impossible que j’aie laissé un corps là-bas », admet-il face à la juge, d’après France 2.
La dernière clé pour élucider les meurtres
C’est finalement en novembre 2020, après de nombreuses heures d’interrogatoire avec Sabine Kheris, que le tueur en série finit par admettre son implication dans le meurtre, mais de manière typiquement vague. « Je ne crois pas que quelqu’un d’autre que moi ait mis fin à son existence », confie-t-il, selon France 2. Il révèle également que le 18 décembre 1993, son épouse était à ses côtés. Un mois plus tard, Michel Fourniret est mis en examen pour enlèvement et séquestration suivis de la mort. Monique Olivier, pour sa part, est accusée de complicité dans ces crimes. Elle est mise en examen en janvier 2021.
Quatre mois plus tard, Michel Fourniret décède. Depuis, son ex-femme, dont la personnalité reste en partie énigmatique, demeure la seule à pouvoir fournir des éléments pour comprendre les crimes non résolus de celui-ci. Sabine Kheris, nommée en 2022 à la coordination du pôle des crimes sériels et non élucidés de Nanterre, a compris l’importance de cette approche. « Il est essentiel de traiter cette personne comme un être humain afin d’obtenir des aveux ou des informations. Un affrontement serait contre-productif », explique Corinne Herrmann sur RTL. Dans le cas de Lydie Logé, les aveux ont été faits « en plusieurs étapes », précise l’avocate à l’AFP. Monique Olivier a été interrogée sur cette affaire en avril et en octobre 2024, selon le parquet de Nanterre.
« Par le passé, des corps ont été découverts plus de trente ans après leur disparition. À partir des indications de Monique Olivier, ce n’est pas facile car elle a du mal à se repérer. Cependant, il faut tout essayer », ajoute Corinne Herrmann sur RTL. Actuellement, le souhait de la famille est « de retrouver le corps de Lydie Logé pour lui offrir une sépulture digne », comme l’indique l’avocate à 42mag.fr. Ses sœurs, qui ont lancé un appel à témoins en juin 2023, souhaitent le renouveler « pour toute personne ayant vu quelque chose », selon Corinne Herrmann, précisant qu’elles espèrent toujours un procès pour Monique Olivier, comme fermeture définitive de ce dossier. « C’est une épreuve douloureuse d’accepter que leur sœur ait pu tomber entre les mains de Michel Fourniret. »