Ce film, mis en scène par une réalisatrice, montre une actrice australienne qui se révèle de manière inhabituelle.
1Nicole Kidman se dévoile dans un rôle audacieux
Dans le thriller érotique moderne intitulé Babygirl, disponible en salles à partir du mercredi 15 janvier, Nicole Kidman, souvent perçue comme une icône glamour, transforme son image. Ce film réinvente un genre souvent mis de côté par les mouvements féministes. L’actrice australienne, désireuse de collaborer avec une réalisatrice, a exprimé sa volonté de s’engager dans ce projet mené par la réalisatrice néerlandaise Halina Reijn.
À 57 ans, la star connue pour ses rôles dans Eyes Wide Shut (1999) et Moulin Rouge (2001) n’a jamais quitté le grand écran. Elle se livre comme rarement dans ce nouveau film, ce qui lui a valu de recevoir le prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise. Malgré le prestige de son nom, peu de stars de sa catégorie osent apparaître, comme elle le fait, nue dans certaines scènes érotiques ou en train de se faire des injections de botox. Pourtant, ce rôle, elle y tenait énormément. Le film bouleverse les dynamiques traditionnelles des relations hommes-femmes et joue avec les écarts générationnels. Nicole Kidman a expliqué que travailler avec une réalisatrice a créé une connexion unique entre elles, accentuant l’importance de montrer le plaisir sous une perspective féminine.
2L’éveil d’une nouvelle passion
Dans ce film, Nicole Kidman incarne Romy, une femme influente dans le monde de la technologie à New York, qui réussit tout dans sa carrière de PDG. Cependant, un élément manque à son bonheur : sa vie intime avec son mari, joué par Antonio Banderas, directeur de théâtre âgé de 64 ans. Romy ne ressent pas de satisfaction avec lui, sans jamais oser le lui révéler. Ce contraste met en scène deux icônes de Hollywood : Kidman, la figure de l’élégance sur le tapis rouge, et Banderas, le symbole viril du grand écran.
Tout bascule lorsqu’elle croise le chemin d’un jeune stagiaire, Samuel, interprété par l’Anglais Harris Dickinson, une étoile montante après son succès dans Sans filtre, Palme d’or 2022. Engagée dans une relation intense avec ce jeune homme, elle explore une forme de sado-masochisme subtil. Cette découverte ébranle ses certitudes sur elle-même et met en danger sa carrière ainsi que son mariage, alors que Samuel la menace de chantage.
3Une œuvre féminine sur le désir
Lors de la présentation du film à Venise, Nicole Kidman a décrit le film comme une exploration du désir, du plaisir, des vulnérabilités internes, des secrets, du mariage, de la vérité, du pouvoir et du consentement. "Cette œuvre raconte une histoire féminine que je souhaite libératrice, Narrée du point de vue de Halina Reijn, une femme, sa singularité réside dans ce regard féminin particulier."
Halina Reijn, la réalisatrice et scénariste, ancienne actrice ayant travaillé avec Paul Verhoeven dans Black Book, souligne que chacun d’entre nous, homme ou femme, porte en soi une dualité entre bien et mal. En parlant de Babygirl, qu’elle décrit comme un "drame érotique" avec "une touche d’humour", elle mentionne avoir été influencée par les thrillers érotiques des années 1980 et les œuvres de John Cassavetes, telles que Une femme sous influence (1974) et Opening Night (1977), relevant la tension entre les personnages. Son ambition : créer un film authentique permettant aux femmes de se reconnaître. Reijn souhaite illustrer l’idée que la sexualité féminine se nourrit avant tout de l’imaginaire, une histoire capable de stimuler le désir. Pour elle, le désir féminin possède une dimension spirituelle marquée.
4Le renouveau d’un genre des années 1980-1990
Le thriller érotique, qui a connu son apogée dans les années 1980 et 1990 avec des films cultes tels que Basic Instinct, Liaison fatale et 9 semaines 1/2, principalement réalisés par des hommes, revient avec Babygirl. Le genre avait perdu de sa vigueur face aux nouveaux standards initiés par le mouvement #MeToo.
Aujourd’hui, la façon de représenter le sexe au cinéma suscite de nouveau l’intérêt, souvent sous la direction de femmes réalisatrices. Les récits se diversifient, inspirés par des films tels que Portrait de la jeune fille en feu (2019) de Céline Sciamma, qui aborde le désir et la perspective féminine. En parallèle, les pratiques de tournage évoluent, avec l’intégration systématique de coordinateurs d’intimité aux États-Unis, ce qui n’a pas échappé à la production de Babygirl.