La vedette de la pop britannique se dévoile dans un film où il incarne un primate. Mais pour quelle raison ?
Chaque mois apporte son lot de biopics. En 2025, les spectateurs pourront découvrir sur grand écran des films consacrés à des icônes comme Dylan, la Callas, Michael Jackson et Bruce Springsteen. Auparavant, c’étaient Marley, Aznavour, Elton John, Freddie Mercury et Amy Winehouse qui avaient été mis à l’honneur. Comment arriver à innover lorsqu’on raconte la vie d’une célébrité ? C’est le défi que tente de relever Better Man, en salles le mercredi 22 janvier.
Robbie Williams, chanteur pop britannique, a commencé sa carrière avec le groupe Take That avant de s’illustrer en solo avec 12 albums et plusieurs hits internationaux. Son succès se mesure en millions de disques vendus, concerts grandioses à guichets fermés, et une réputation qu’il décrit lui-même comme celle d’un « baltringue », ayant réussi malgré une vie tourmentée par ses démons et ses excès.
Après une réception mitigée lors de sa sortie aux États-Unis, le film débarque en France. Dans Better Man, Williams est représenté sous l’apparence d’un singe, soulevant deux interrogations : est-il méritant d’un biopic à seulement 50 ans, et pourquoi choisir de le représenter ainsi ?
L’art de réaliser un bon biopic repose sur une histoire captivante, un personnage fascinant et un talent artistique. La vie de Robbie Williams est une histoire fascinante. Le film s’ouvre sur une scène dans la maison modeste où il a grandi, en Angleterre. Devant sa télévision, il observe Frank Sinatra, le célèbre crooner.
« Tu n’as pas ce qu’il faut »
Le père et le fils, utilisant un peigne et une canette de bière comme micros, imitent le chanteur. Le père, dont les rêves de succès ne se sont pas concrétisés, transmet à son fils sa passion pour la musique. Better Man dépeint ainsi le parcours d’un gamin décidé à réaliser ce que son père n’a pas pu accomplir. Ce dernier le met en garde en lui disant qu’il n’a pas « le truc » pour réussir, ce que Robbie s’efforcera de prouver par la suite.
Le personnage de Robbie Williams est complexe. Il apparaît à la fois arrogant et attendrissant, se jouant lui-même, oscillant entre succès captivants et excès autodestructeurs. Le film ne censure pas ses côtés sombres, y compris ses tendances autodestructrices. L’abus de cocaïne, d’alcool et de médicaments mène Robbie dans une spirale de dépression.
En ce qui concerne son talent artistique, une scène illustre particulièrement son processus créatif. Guy Chambers, co-auteur et compositeur anglais, lui lance un défi : « Pour écrire une bonne chanson, il faut creuser en toi-même. » La collaboration donnera naissance au morceau Angel, un tube phénoménal.
Un anthropomorphisme inversé ?
Depuis la diffusion des premières bandes-annonces du biopic, la représentation de Robbie Williams comme un singe suscite l’étonnement. L’idée déroutante que l’homme descend du singe pourrait-elle signifier que Robbie s’affirme comme un ancêtre de l’humanité ? Est-ce une référence à La Planète des singes ?
Robbie lui-même a déclaré à Variety qu’il s’était toujours perçu comme » moins évolué que les autres ».
Michael Gracey, le réalisateur du film, explique ce choix déroutant. En écoutant les nombreuses interviews de Robbie Williams, il s’est rendu compte que l’artiste se définissait souvent comme un singe. Robbie disait des choses comme : « Je suis en train de danser comme un singe » ou « J’étais complètement ailleurs, mais ils m’ont fait monter sur scène pour divertir comme un singe ». Pour Michael Gracey, ces propos ont inspiré l’idée de représenter Robbie comme un singe dans le film.
Le réalisateur annonce : « Les icônes du rock ont le don de capturer l’attention de tous dans une pièce, et c’est ce que transmet le singe de Robbie. Dans une scène, on ne peut se détourner de lui, même lorsqu’il reste muet, » affirme Gracey. « C’est comme ça qu’on capte l’essence d’être une star. Vous ne pouvez pas détourner les yeux de cette personne. Pour moi, le singe représente la perception de Robbie de lui-même. Depuis toujours, il attire les regards dès qu’il entre quelque part », poursuit-il.
D’un point de vue technique, c’est impressionnant. Le spectateur en vient à oublier que c’est un singe qui se produit sur scène, dansant, chantant ou consommant des substances. Le procédé, perfectionné par la société néo-zélandaise Weta FX, a nécessité environ 2000 plans avec des effets visuels et trois années de travail. Les facéties de Robbie finissent par convaincre que l’on regarde bien une histoire, et non un épisode de La Planète des singes.
Une caméra portée par l’énergie de Robbie Williams
Better Man raconte le parcours d’un jeune garçon frêle, celui-là même que l’on néglige sur un terrain de foot. Ne pas être choisi pour une équipe, même dans un terrain boueux d’Angleterre, peut être traumatisant. Pourtant, ce récit parfois larmoyant échappe à l’anodin grâce à la mise en scène de Michael Gracey qui, durant 2 heures et 15 minutes, offre un spectacle éblouissant.
À voir absolument, la chorégraphie de Rock DJ sur un Piccadilly Circus reconstruit, aussi excentrique qu’un clip des années 2000 ou une scène de Moulin Rouge. Et également la performance de Let Me Entertain You au festival de Glastonbury, où le chanteur affronte ses démons dans une scène digne de Gladiator, qui séduira les amateurs d’effets spéciaux.
Better Man reste fidèle à son sujet : flamboyant mais agaçant, spectaculaire mais par moments superflu. Épris de showbiz, Robbie Williams est dépeint dans une œuvre à son image : un divertissement.
Les informations clés
Genre : Biopic/Musique
Réalisateur : Michael Gracey
Cast : Robbie Williams, Jonno Davies, Kate Mulvany
Durée : 2h15
Sortie : 22 janvier 2025
Distributeur : Paramount Pictures France
Résumé : Ce film relate le parcours de Robbie Williams, star britannique dans le groupe Take That dans les années 1990, qui, après des excès de substances illicites, renaît en solo en 1997 avec le hit Angels.