François Bayrou a effectivement besoin du soutien des socialistes pour échapper à un vote de censure, cependant, le Premier ministre a la possibilité de ne pas s’appuyer directement sur le Rassemblement National.
Avec la convocation de la commission mixte paritaire (CMP) programmée le jeudi 30 janvier, une semaine cruciale se profile pour le budget, accompagnée de la menace potentielle d’une motion de censure visant le gouvernement. Dans ce contexte, le Rassemblement national (RN) n’a aucune influence sur les négociations en cours. Le parti se retrouve ainsi à jouer un rôle secondaire, voire à simplement observer les événements. Quant au groupe RN, il hausse le ton, laissant entendre qu’il pourrait appuyer la motion des insoumis si François Bayrou devait effectivement recourir au 49-3 concernant le budget, mais ces déclarations passent inaperçues. Le Premier ministre poursuit ses discussions avec les socialistes, ignorant les menaces du RN.
Depuis que Marine Le Pen a contribué à la chute du gouvernement Barnier début décembre, sa stratégie semble à l’arrêt. Après avoir pesé sur l’ancien Premier ministre pour obtenir plusieurs concessions, telles que l’ajustement des taxes sur l’électricité ou le remboursement partiel des médicaments, elle a préféré ne pas récolter ces bénéfices et a voté la censure. Cela évoque l’image d’un joueur de poker qui mise tout pour finalement tout perdre. Bien que ce geste ait renversé le gouvernement, cela l’a également écartée du processus des négociations. François Bayrou considère désormais qu’elle n’est plus un partenaire fiable. Les socialistes ont comblé ce vide, préférant démontrer à leurs électeurs leur capacité à obtenir des concessions substantielles du gouvernement. Cette influence pourrait à nouveau se faire sentir au cours de la semaine dans les négociations budgétaires. Ainsi, le Rassemblement national se trouve marginalisé par une dynamique arithmétique implacable à l’Assemblée nationale : tant que le centre, LR et le PS parviennent à un accord, le parti d’extrême droite perd de sa pertinence.
Diminution de l’influence
Marine Le Pen mise sur l’échec des partis républicains à s’unir, espérant que François Bayrou échouera, afin de sortir de cette situation délicate. En attendant, elle se voit dans l’obligation de patienter, risquant par là même que l’influence grandissante de Bruno Retailleau ne perturbe davantage ses soutiens. Un aperçu de cette dynamique a été visible ce week-end lorsque Fabrice Leggeri, eurodéputé RN et ancien directeur de l’agence Frontex, a salué la nouvelle circulaire Retaillau, qui durcit les conditions de régularisation des sans-papiers, en la qualifiant de mesure « allant dans la bonne direction ».
Marine Le Pen a brièvement rompu son silence le dimanche 26 janvier lors de sa visite à Hénin-Beaumont, sa base électorale, mais c’était uniquement pour railler la proposition de loi sur l’entretien des ascenseurs adoptée à l’Assemblée à l’initiative des socialistes. Cette loi est bien éloignée de la « grande politique » dont elle rêve et qu’elle dit désirer instaurer, bien qu’elle n’a actuellement aucun levier pour concrétiser cette ambition.