Le gouvernement nouvellement formé, se réunissant pour la première fois en Conseil des ministres, aura la tâche d’élaborer des consensus afin d’établir un budget pour l’année 2025.
La rentrée politique est marquée par une réunion décisive entre Emmanuel Macron, François Bayrou et le nouveau gouvernement, prévue pour le vendredi 3 janvier, à l’occasion du tout premier Conseil des ministres de l’année. Plusieurs affaires d’importance sont en suspens et réclament une attention immédiate de l’exécutif, particulièrement l’adoption rapide d’un budget pour 2025. À cela s’ajoutent la gestion des conséquences dévastatrices du cyclone Chido à Mayotte, la question des retraites et la crise agricole qui occupent également le devant de la scène pour ce début d’année.
Élaborer un budget pour 2025
La motion de censure qui a entraîné la chute du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre, a laissé dans son sillage l’annulation du budget de la Sécurité sociale 2025. Par ailleurs, ce coup d’arrêt a également mis fin à l’examen du projet de loi de finances (PLF), rendant obsolètes diverses mesures comme la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus ou la mise à jour du barème fiscal de l’impôt sur le revenu. Pour répondre à cette crise budgétaire sans précédent, une loi spéciale a été votée en urgence, permettant de compenser le vide jusqu’à l’adoption d’un nouveau budget. Néanmoins, cette loi ne constitue qu’une solution provisoire, autorisant l’exécutif à percevoir l’impôt et à emprunter pour assurer le financement de l’État et de la Sécurité sociale.
Le gouvernement conduit par François Bayrou doit rapidement s’atteler à faire approuver un budget pour 2025, nécessitant des négociations avec les partis d’opposition. Cette situation s’avère particulièrement délicate dans un contexte de dérapages budgétaires. Avant les congés de Noël, Bayrou exprimait son souhait de voir ce budget adopté d’ici mi-février, tout en reconnaissant l’incertitude d’un tel aboutissement.
Eric Lombard, nouvellement nommé ministre de l’Économie et des Finances, envisage plusieurs approches: il désire apporter des modifications au texte soumis par le précédent gouvernement Barnier, qui était à l’étude lors de la censure. De plus, Lombard n’exclut pas la possibilité d’augmentations fiscales limitées et évoque la nécessité de réaliser des économies supplémentaires.
Soutenir la reconstruction à Mayotte
Mayotte, sévèrement touchée par le cyclone Chido le 14 décembre, représente la première urgence pour le gouvernement. Emmanuel Macron a rapidement annoncé une loi visant à soutenir la reconstruction, lors de sa visite aux côtés des sinistrés. Ce projet de loi devrait être discuté au Parlement en janvier.
Accompagné de plusieurs ministres, François Bayrou a présenté son programme intitulé « Mayotte debout », qui comporte des mesures immédiates et d’autres engagements sur le long terme. L’un des objectifs principaux est de rétablir le courant électrique d’ici fin janvier, parallèlement à la remise en état du réseau d’eau.
Le Premier ministre entend également empêcher la réémergence des bidonvilles sur l’île. Il envisage de réactiver le réseau internet à travers le déploiement de 200 antennes Starlink, la technologie de SpaceX, en attendant la mise en place d’une solution 5G d’ici la fin juin 2025.
Entamer des discussions sur le système des retraites
À peine nommé, François Bayrou a émis le souhait d’ouvrir de nouvelles discussions concernant le régime des retraites. Il aspire à une solution alternative au report de l’âge de 62 à 64 ans, mesure défendue par la réforme controversée de 2023, et à laquelle s’opposent le Nouveau Front populaire, le Rassemblement national ainsi que de nombreux syndicats.
« On peut repenser l’organisation, mais il faudra aussi aborder la question du financement », a-t-il déclaré sur France 2. Lors de sa série de consultations pour composer son gouvernement, Bayrou a proposé aux acteurs politiques et sociaux de rouvrir le dialogue sur les retraites pendant neuf mois, tout en insistant pour que la réforme de 2023 reste effective, car, selon lui, mettre une réforme en suspens équivaut souvent à ne jamais la reprendre.
Trouver des solutions pour les agriculteurs
L’année 2024 a été marquée par deux grandes mobilisations des agriculteurs : au début de l’année face à leur déclassement et aux normes écologiques, et à la fin de l’année contre l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur. La dissolution du gouvernement Barnier a interrompu des réformes en cours, conçues pour soutenir ce secteur.
Certains des changements attendus figuraient dans le projet de loi de finances 2025 et incluaient des allégements pour les travailleurs saisonniers et des aides pour soutenir l’installation de nouveaux agriculteurs. Une réforme visant à calculer les retraites agricoles sur les 25 meilleures années était également prévue.
Reprendre le débat sur la fin de vie
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier a stoppé le parcours législatif du projet de loi sur la fin de vie. L’examen initial, démarré fin mai, ne s’est pas concrétisé par un vote, malgré le fait que ce texte représente un des projets majeurs du second mandat d’Emmanuel Macron.
Pour le moment, le sort de cette « grande loi de société » demeure flou, car François Bayrou n’a pas encore pris position publiquement depuis sa nouvelle nomination. Par le passé, cependant, le chef de file du MoDem a exprimé des réserves quant à un changement de la législation actuelle sur la fin de vie.
Avant la censure, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avait prévu que le texte serait soumis à nouveau à la discussion à partir du 27 janvier 2025.