Avec l’approche du vote du budget prévu pour début février, le spectre d’une motion de censure revient hanter la scène politique, mettant potentiellement en danger la stabilité du gouvernement en place. Cette situation évoque une impression de répétition qui détourne l’attention des véritables défis auxquels la France est confrontée.
Le jeudi 30 janvier, la commission mixte paritaire s’est réunie pour une journée complète afin d’examiner le budget, et la discussion se poursuit ce vendredi matin. Ce groupe de 14 parlementaires s’efforce de trouver un terrain d’entente, bien que la conclusion soit loin d’être certaine. Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série sans fin, marquée par une crise politique qui immobilise le pays depuis huit mois. La semaine prochaine, le suspense sera à son comble lors du vote sur une nouvelle motion de censure. Quelle sera la position des socialistes ? Quelle décision prendra Marine Le Pen ? Un second exécutif pourrait-il tomber en l’espace de deux mois ? La France risque-t-elle d’être une nouvelle fois sans budget ? Le climat familier de ce scénario répétitif—fait de menaces, de bluff et de tractations en tout genre—n’a rien de surprenant, mais l’issue reste incertaine. Toutefois, le verdict est d’ores et déjà évident.
Avec un Parlement en voie d’obstruction, un gouvernement privé de majorité sécurisée, un président de la République déstabilisé, des oppositions fragmentées et sans alternative viable, le pays plonge dans une crise démocratique qui semble sans issue. Le simple usage des mots comme « sentiment de submersion » suffit à déclencher des tempêtes, mettant en péril des semaines de négociations ardues destinées à instaurer une nouvelle culture parlementaire. D’un côté, un gouvernement qui manipule l’opinion en matière d’immigration, et de l’autre, une gauche prôneuse de morale qui s’enferme dans le déni. Au centre, une Assemblée proche de l’effondrement nerveux, offrant un spectacle déplorable pour bon nombre de citoyens.
Une impasse politique
En matière politique, les mots portent une signification symbolique puissante, mais leur usage peut embraser les passions au point de masquer la réalité et ses véritables enjeux : le budget, l’ampleur des déficits, la concurrence mondiale, ou encore le retour potentiel de Donald Trump. Tout ceci semble s’évaporer, laissant place à une profonde impasse démocratique.
Certaines personnalités rêvent d’une élection présidentielle anticipée, comme si une campagne éclair de 35 jours au milieu du chaos pouvait apporter la solution. D’autres envisagent une dissolution du Parlement, qui ne ferait qu’aggraver l’éparpillement actuel des sièges. Les instruments de la démocratie participative ont été minés par les responsables politiques eux-mêmes. Les 20 000 cahiers de doléances issus du grand débat consécutif à la crise des Gilets jaunes croupissent dans des boîtes d’archives, tandis que les rapports des conventions citoyennes accumulent la poussière. Chacun a salué le travail de celle qui a consacré six mois à la question de la fin de vie. Ces six mois de discussions enrichissantes et tranquilles ont conduit à un vaste consensus, contraste saisissant avec le vacarme des débats à l’Assemblée. Elle a remis, le 3 avril 2023, un rapport prônant des avancées conjointes sur les soins palliatifs et le suicide assisté. Pourtant, deux ans plus tard, François Bayrou choisit de séparer les deux sujets, avec, semble-t-il, l’intention de faire passer à la trappe l’aide active à mourir. Ce n’est guère la voie pour rétablir la confiance des citoyens envers la politique.