Récemment, des utilisateurs de X, anciennement connu sous le nom de Twitter, ont observé qu’il était quasiment inévitable de tomber sur les messages d’Elon Musk. Le propriétaire de cette plateforme manipulerait-il son algorithme pour parvenir à ce résultat ?
Pour comprendre si l’algorithme de Twitter privilégie le milliardaire Elon Musk, un test simple et rapide suffit. L’équipe de l’Oeil du 20h a ouvert un compte tout neuf sur la plateforme, sans publier de contenu ni suivre d’autres utilisateurs, pour éviter d’interférer avec l’algorithme. Pourtant, en quelques secondes à peine, Elon Musk se retrouve partout : que ce soit dans les suggestions de comptes à suivre ou dans les tweets affichés par défaut.
Ainsi, lorsque l’on décide de suivre Elon Musk, l’engrenage se met en marche. La plateforme X commence alors à recommander la découverte des entreprises de Musk comme Tesla ou SpaceX, un influenceur prônant des idées masculinistes comme Andrew Tate, mais aussi des figures comme Donald Trump. En outre, une personnalité française, Bruno Retailleau, actuel ministre de l’intérieur, apparaît dans les suggestions. En moins de 60 minutes, ce nouvel utilisateur est piégé dans une bulle algorithmique mêlant complotistes, libertariens et conservateurs.
Cette forte présence d’Elon Musk sur X grâce à son algorithme n’étonne guère, puisque le visionnaire avait annoncé ses intentions dès qu’il a acquis la plateforme. Il avait partagé une photo au ton provocateur, suggérant une scène osée, et promu l’idée de nourrir ses 200 millions d’abonnés avec ses opinions.
Selon David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS, cette somme d’intentions politiques implique de modifier le fonctionnement de l’algorithme de X. « Il est avéré que Musk a demandé explicitement à ses ingénieurs de reconfigurer l’algorithme pour amplifier la visibilité de ses propres tweets ainsi que ceux de ses proches. Ce que vous retrouvez dans votre fil d’actualité n’est pas une simple retranscription des publications de vos abonnés ou abonnements. »
Une démarche contraire aux règles européennes ?
Sur ce point, le réseau social ne se cache pas, comme en témoigne un rapport interne rendu public qui affirme que “X n’a pas mis en place les mesures nécessaires pour empêcher son interface d’induire en erreur et manipuler ses utilisateurs”.
Dans le cadre du droit européen, ces pratiques sont contraires à la législation. Les sanctions sont prévues, mais Bruxelles tarde à prendre des mesures. Peut-on craindre la réaction du grand allié d’Elon Musk, le président des États-Unis ? C’est en tout cas l’avis de Sandro Gozi, député européen du groupe Renew Europe. “La Commission européenne doit apporter une réponse plus ferme, plus résolue, et il est impératif de ne pas se abriter derrière la notion de liberté d’expression. Renoncer à défendre nos valeurs et principes par peur de la réaction de Washington serait la pire manière de préserver nos intérêts et notre identité. »
Malgré ces avertissements, Elon Musk poursuit sans relâche l’utilisation de son réseau comme vecteur de ses idées. Il a récemment ouvert ses portes à l’extrême droite allemande, qu’il considère comme le seul parti capable de sauver le pays.