Les voitures portant la vignette Crit’Air 3 ne peuvent plus circuler à Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier. Cependant, certains automobilistes bénéficient de dérogations pour faciliter leur transition.
Ce début d’année 2024 voit trois lettres revenir fréquemment dans les discussions : ZFE, signifiant Zone à Faibles Émissions. En 2025, les règlements concernant ces zones se renforceront dans plusieurs grandes agglomérations, en interdisant la circulation des véhicules portant la vignette Crit’Air 3. Cela inclut les voitures diesel immatriculées avant 2011 et celles à essence datant d’avant 2006.
Parmi les zones touchées, on trouve la métropole du Grand Paris qui englobe Paris ainsi que 77 autres communes de la région Île-de-France. Ces véhicules y sont désormais officiellement interdits en semaine, générant une certaine grogne chez les automobilistes qui auraient préféré éviter ces contraintes, même avec les dérogations accordées.
Une année de « sensibilisation » promise dans la région parisienne
La voiture de Julie, aux allures un peu usées avec sa peinture ébréchée, témoigne de bien des années sur les routes. « Elle a bien vécu », plaisante la conductrice. Pourtant, elle devient plus grave face à l’autocollant Crit’Air 3 qui orne sa voiture. « Je suis dans une impasse », avoue-t-elle, consciente qu’elle n’a pas les moyens de se procurer un nouveau véhicule. Cette voiture, qu’elle considère comme son outil de travail, est destinée à rester au stationnement. « C’est vraiment un dilemme en ce moment… », confie Julie.
Cette habitante de Paris espère bénéficier des mesures annoncées par la municipalité : des dérogations de 24 jours pour chaque véhicule en 2025 et une période d’un an sans amende de 68 euros pour les contrevenants. « Je vais saisir cette année supplémentaire pour trouver une solution », affirme-t-elle. Comme Julie, environ 420 000 automobilistes seront concernés par ces nouvelles restrictions.
L’association RESPIRE, qui lutte pour la qualité de l’air, accepte également ces dérogations. Selon son directeur général, Tony Renucci, l’État devrait intensifier son soutien aux automobilistes au lieu de réduire les aides : « Alors que l’État envisage de supprimer la prime à la conversion et de diminuer le bonus écologique, on a besoin de ces aides pour passer à des véhicules électriques ou moins polluants », explique-t-il. « La situation est préoccupante » ajoute Tony Renucci, rappelant que chaque année, la pollution cause la mort de plus de 40 000 personnes en France.
52 jours de dérogation à Lyon
À l’instar de Paris, d’autres villes impactées par ces changements cherchent à trouver le juste milieu. Dans la métropole de Lyon, 50 000 véhicules se voient frappés par cette nouvelle réglementation, provoquant la colère des conducteurs. « Je ne pourrai plus rendre visite à ma partenaire qui réside à Villeurbanne. Nous continuerons à rouler, quitte à écoper d’amendes car nous n’avons pas d’autre choix », déplore un retraité lyonnais.
Une autre résidente âgée partage cette inquiétude : « C’est vraiment compliqué pour moi ». Les radars, qui ne seront opérationnels qu’à partir de fin 2026, manqueront à l’appel. Seuls les véhicules garés ou arrêtés lors d’un contrôle seront susceptibles de recevoir une amende. La Métropole offre néanmoins une dérogation de 52 jours par an. « Tous les véhicules ne seront pas surveillés chaque jour dès le 1er janvier », rassure Jean-Charles Kohlhaas, vice-président chargé des déplacements dans la Métropole de Lyon.
Il admet néanmoins l’importance de ce dispositif, en soulignant que la pollution à Lyon est préoccupante et qu’elle affecte gravement la santé des enfants. C’est l’une des raisons pour lesquelles, d’ici trois ans, tous les véhicules diesel seront proscrits dans la région, représentant la moitié des voitures en circulation.
Une phase de transition à Montpellier et Grenoble
Dans la métropole de Montpellier, aucune sanction financière n’est envisagée pour le moment. Pour Julie Frêche, vice-présidente chargée des transports à Montpellier Méditerranée Métropole, il est inconcevable de commencer à verbaliser du jour au lendemain : « Le coût d’un changement de véhicule reste prohibitif », reconnaît-elle.
« On ne peut pas modifier le parc automobile d’un simple geste magique. »
Julie Frêche, vice-présidente en charge des transports à Montpellier Méditerranée Métropoleà 42mag.fr
Néanmoins, la Zone à Faibles Émissions pousse les conducteurs à renouveler leur véhicule. « Depuis l’annonce du nouveau calendrier, on a constaté une réduction de près de 33 % des vignettes Crit’Air 3 sur la métropole. Les automobilistes sont bien informés même sans contravention », assure Julie Frêche.
Quant à Grenoble, la métropole prévoit des modalités similaires : une « période pédagogique de 6 mois », sans amendes, pour faciliter la transition. Après cette période, les amendes devraient commencer à être appliquées.