Le chef du gouvernement a suscité la colère de la gauche, qui estime que son hommage à l’ancien leader du Front national est trop élogieux. Du côté du centre et de la droite, certaines personnes ont également critiqué ces déclarations.
Il s’agit d’une réaction qui a suscité un tollé. De nombreux représentants de la gauche ont exprimé leur indignation mardi 7 janvier face aux propos de François Bayrou concernant le décès de Jean-Marie Le Pen, survenu à l’âge de 96 ans. « Au-delà des controverses, qui étaient son outil favori, et des débats de fond nécessaires, JM Le Pen demeure une figure marquante de la scène politique française. En le confrontant, on savait à quel adversaire on faisait face », a affirmé sur X le Premier ministre, qui avait croisé le chemin du dirigeant d’extrême droite lors des élections présidentielles de 2002 et 2007.
Les réactions indignées n’ont pas tardé à envahir le même réseau social. « Jean-Marie Le Pen est décédé. Il n’était pas simplement ‘une figure de la vie politique française’ comme le suggère François Bayrou. Le respect envers les défunts ne doit pas mener à une amnésie sur son parcours. Jean-Marie Le Pen était connu pour son racisme, son antisémitisme, son admiration pour Pétain et son rôle dans la torture en Algérie », a écrit Manon Aubry, la cheffe des eurodéputés de La France insoumise.
Jean-Marie Le Pen, « un nostalgique du régime de Vichy »
« Le racisme, la haine envers les musulmans, l’antisémitisme ne relèvent pas de simples controverses. Ce sont des infractions sanctionnées par la loi », a souligné le député LFI Paul Vannier. « C’était un raciste. Un antisémite. Un colonialiste. Un nostalgique de l’ère de Vichy. Un antiféministe… Un récidiviste qui a fondé le FN avec des membres de la SS. Pas une simple figure politique française », a ajouté le secrétaire général du Parti socialiste, Pierre Jouvet.
« Il n’est pas question de simples controverses, mais de condamnations pour des propos racistes, antisémites et négationnistes », a indiqué Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste français, qualifiant le message du Premier ministre de « pathétique ». « Et pourquoi ne pas rendre hommage à Hitler tant que vous y êtes ? », s’est indignée Ersilia Soudais, élue LFI. « Jean-Marie Le Pen n’était pas juste un simple polémiste. (…) Il est discutable de penser que le décès de Jean-Marie Le Pen nécessitait un ‘hommage’ public du Premier ministre de la République française », a jugé Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche.
Des critiques dépassant la gauche
Les critiques ont franchi les frontières de la gauche. « À vouloir trop recentrer le débat sur soi et celle qui tient la corde du pendu, on réécrit l’histoire non pas en ‘polémiques’ mais en termes de scandales et condamnations judiciaires », a déclaré le député Les Républicains Julien Dive. Gérard Araud, ancien ambassadeur et figure incontournable de la diplomatie française, a pour sa part affirmé que les commentaires de Jean-Marie Le Pen ne relevaient pas de « polémiques » mais de « déclarations intentionnellement racistes, négationnistes et antisémites », pour lesquelles le fondateur du Front national a souvent été sanctionné.
François Cormier-Bouligeon, député Ensemble pour la République (ex-Renaissance), dont l’engagement politique inclut la lutte contre le FN, a confié à 42mag.fr qu’il « ne partage pas » l’avis de François Bayrou : « S’il pense renforcer la stabilité de son gouvernement avec ce type de discours, il commet une erreur politique. Une mention supplémentaire était nécessaire pour préciser qu’il a soutenu des idées nauséabondes, anti-démocratiques, antisémites et racistes. Il est essentiel de nommer les choses telles qu’elles sont. »