Alors que la France commémore les 50 ans de l’entrée en vigueur de la loi dépénalisant l’avortement, d’éminentes personnalités politiques et artistiques exhortent le gouvernement à exonérer les femmes condamnées pour avortement avant 1975.
« Nous, militants, chercheurs, élus, exigeons la réhabilitation des femmes injustement condamnées pour avortement », écrivent-ils dans une pétition publiée sur le Libération site web.
La loi, débattue pour la première fois par les députés en 1974, a été défendue par la ministre de la Santé Simone Veil et adoptée pour une période d’essai de cinq ans avant d’être rendue permanente en 1979.
L’avortement était criminalisé en France depuis les années 1800, et les condamnations ont considérablement augmenté sous le régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre 1940 et 1943, elle était passible de la peine de mort.
Même en 1946, les tribunaux français se sont prononcés sur 5 151 cas d’avortements clandestins, indique la pétition.
« Nous ne pouvons pas oublier celles qui ont souffert, celles qui sont mortes à la suite d’un avortement clandestin et, plus encore, celles qui ont été condamnées par des lois injustes », écrit le groupe.
La loi française sur l’avortement Veil laisse un héritage positif mais fragile, 50 ans après
Restaurer la dignité
Parmi les signataires notables figurent l’auteure lauréate du prix Nobel Annie Ernaux, la présidente de la Fondation des Femmes Anne-Cécile Mailfert et les actrices Laure Calamy et Anna Mouglalis.
« Il s’agit de restaurer leur dignité, mais aussi de leur donner une place digne dans l’histoire des femmes et de leurs droits », indique la pétition.
Le groupe propose de créer une commission indépendante chargée de superviser la reconnaissance et l’indemnisation des femmes reconnues coupables d’avortement en vertu des lois précédentes. La compensation peut être matérielle ou symbolique.
La pétition cite un précédent récent : un projet de loi adopté par l’Assemblée nationale le 6 mars 2024, qui reconnaissait et cherchait à réparer les dommages causés par les lois discriminatoires à l’égard des homosexuels entre 1942 et 1982.
Les signataires affirment qu’exonérer les femmes reconnues coupables d’avortement serait un « geste politique fort », conforme aux récentes mesures visant à inscrire le droit à l’avortement dans la constitution, approuvée en mars 2024.