La surpopulation dans les prisons françaises s’aggrave chaque mois, de nouveaux chiffres gouvernementaux révélant que les établissements hébergent près de 81 000 détenus dans des espaces conçus pour environ 62 000 personnes, obligeant des milliers de personnes à dormir sur des matelas au sol.
Les données du ministère de la Justice pour décembre 2024 évaluent le taux global d’occupation des prisons à 129,5 %.
Les conditions sont particulièrement sévères dans une quinzaine de prisons ou unités pénitentiaires, où le taux d’occupation dépasse ou égale 200 pour cent.
Plus de 4 000 détenus sont contraints de dormir sur des matelas posés à même le sol.
« Cela signifie que trois à quatre personnes peuvent être entassées dans des cellules de 9 m² conçues pour une seule personne », a expliqué à 42mag.fr Jean-Claude Mas, président de l’Observatoire international des prisons.
«Cette surpopulation accentue la vétusté et la saleté associées aux prisons.»
La crise des prisons françaises s’aggrave avec des cellules d’une capacité quatre fois supérieure à leur capacité
Défaillances de l’État
La France a introduit des mesures pour réduire la surpopulation carcérale, notamment l’interdiction des peines de prison de moins d’un mois, l’aménagement des peines et l’extension des travaux d’intérêt général.
Malgré ces efforts, la France se classe au troisième rang européen en matière de surpopulation carcérale, derrière Chypre et la Roumanie, selon un rapport du Conseil de l’Europe de juin.
Une source du ministère de la Justice a qualifié la situation de « record sans précédent » et l’a qualifiée de « regrettable ».
L’ancien ministre de la Justice Didier Migaud a récemment averti que la France ne parviendrait pas à atteindre son objectif de 15 000 places de prison supplémentaires d’ici 2027, un engagement pris par le président Emmanuel Macron en 2017.
Migaud a déclaré que les retards n’étaient pas dus à des problèmes de financement mais à la résistance des autorités locales et des résidents.
Appels à la réforme
En octobre, l’Observatoire international des prisons et une trentaine d’autres organisations, dont le syndicat des avocats français, le syndicat des magistrats et le syndicat des avocats, ont publié une déclaration commune appelant à des réformes fondamentales visant à réduire le recours et la durée de l’incarcération.
« La prison ne doit plus être considérée comme la référence du système pénal, et ses alternatives, loin d’être symboliques, doivent remplacer l’enfermement », ont-ils déclaré.
Mas a critiqué le manque de progrès, déclarant : « Depuis deux ans maintenant, nous connaissons des niveaux records après records. Et il n’y a aucun signe de progrès dans ce domaine.»