Les responsables français ont condamné les célébrations de rue en liesse après la mort du leader d’extrême droite Jean-Marie Le Pen, appelant à la dignité après que des centaines de personnes se sont rassemblées dans les grandes villes pour marquer le décès mardi du controversé fondateur du Front national.
Le gouvernement a adopté un ton mesuré en réponse à la mort de Le Pen, qui a été exclu de son propre parti après avoir nié à plusieurs reprises l’Holocauste – le Premier ministre François Bayrou le décrivant comme un « combattant » et une « figure de la vie politique française ».
Des soirées improvisées qui ont éclaté dans plusieurs villes ont rapidement suscité de vives critiques.
« Rien, absolument rien ne justifie de danser sur un cadavre », a déclaré le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. « La mort d’un homme, même s’il s’agit d’un opposant politique, ne doit inspirer que retenue et dignité. Ces scènes de liesse sont profondément honteuses. »
Scènes à Paris, Lyon, Marseille
Dans la capitale française, plusieurs centaines de manifestants ont convergé vers la place de la République, certains escaladant la statue centrale de la place, scandant des slogans antifascistes et allumant des fumigènes.
Une pancarte dans la foule disait : « Ce sale raciste est mort. »
Environ 200 à 300 personnes se sont rassemblées à Lyon, apparemment à l’invitation de groupes d’extrême gauche, où des feux d’artifice ont été tirés, tandis qu’à Marseille, des manifestants brandissaient des pancartes indiquant « Enfin » en ouvrant des bouteilles de champagne.
Alors que ces rassemblements étaient pour la plupart pacifiques, la police de Strasbourg est intervenue pour disperser environ 200 manifestants.
Le fondateur d’extrême droite du Front national, Jean-Marie Le Pen, est décédé à l’âge de 96 ans.
Les réactions ont été plus nuancées dans le quartier Saint Barnabé de Marseille, fief du Rassemblement national – signe des profondes divisions autour de son héritage.
« Qu’il repose en paix. Il a vécu 96 ans. Il faut reconnaître que c’était un personnage, même s’il y a eu quelques dérapages que je n’ai pas aimés », a déclaré Jeannot, 64 ans, à 42mag.fr dans un café du coin.
Vincent, quarante ans, électeur du Rassemblement national et habitant le quartier, a déclaré : « C’est un homme qui a marqué ma jeunesse et ma vie d’adulte parce qu’il a façonné le paysage politique. Même si on n’est pas d’accord avec lui, il faut reconnaître qu’il avait la force de caractère pour défendre la France telle qu’il la voyait. »
Chiffre déterminant
Le Pen, qui a fondé le Front national en 1972 et l’a dirigé jusqu’en 2011, est devenu une figure marquante de l’extrême droite en France.
Condamné à plusieurs reprises pour discours de haine, notamment pour des commentaires qualifiant l’Holocauste de « simple détail de l’histoire », sa carrière politique a été entachée de controverses.
La rhétorique de Le Pen a souvent suscité une opposition farouche et de nombreuses protestations, en particulier lors du second tour surprise de l’élection présidentielle de 2002.
Après avoir pris la direction du parti, sa fille Marine Le Pen l’a expulsé dans le but de donner une nouvelle image au mouvement et de l’éloigner de son image extrémiste. Le parti a été rebaptisé Rassemblement National.
Jean-Marie Le Pen est décédé mardi dans un établissement de santé près de Paris.
Une cérémonie privée est prévue dans la capitale, suivie d’un enterrement samedi dans sa ville natale de La Trinité-sur-Mer, en Bretagne.