Les nouveautés cinématographiques proposées cette semaine par Thierry Fiorile et Matteu Maestracci incluent « Le quatrième mur » réalisé par David Oelhoffen ainsi que « Je suis toujours là » du cinéaste Walter Salles.
Chaque semaine, nos experts en cinéma sélectionnent pour vous les films incontournables parmi les nouveautés au cinéma.
L’adaptation cinématographique de Le quatrième mur par David Oelhoffen
Inspiré par le remarquable roman de Sorj Chalandon, un journaliste et écrivain, ce film tisse un lien entre la passion pour le théâtre et les conflits armés dans le Liban de 1982. Dans Le quatrième mur, on suit Georges, incarné par Laurent Lafitte, un Français peu familier avec les affrontements locaux et les divisions communautaires. S’étant engagé auprès d’un vieil ami malade, il se rend à Beyrouth pour monter une production d’Antigone d’Anouilh. Cette pièce doit être interprétée par des acteurs venus de divers horizons politiques et religieux opposés.
Ce projet revêt un caractère audacieux, voire improbable, en particulier lorsque les hostilités resurgissent. Répéter, jouer, écrire le roman, puis réaliser le film en 2025, trois expressions artistiques qui s’entrecroisent. David Oelhoffen navigue avec brio dans cet univers, s’appuyant sur l’expérience et les souvenirs de l’auteur qui a vécu ces années tumultueuses lorsqu’il était correspondant pour Libération. Le casting, mené par Laurent Lafitte, se montre vivement convaincant. Les scènes-clés, notamment l’arrivée du protagoniste dans le camp de réfugiés de Chatila, sont magistralement orchestrées.
Le témoignage cinématographique de Je suis toujours là par Walter Salles
Basé sur des événements réels des années 1970 sous la dictature militaire brésilienne, ce film retrace l’histoire de la famille Paiva. Ce groupe familial, composé d’un couple uni et de leurs cinq enfants, semble vivre dans une bulle d’insouciance durant les débuts du régime autoritaire. Leur maison à Rio, proche de la mer, respire la joie de vivre : les générations se retrouvent pour célébrer, échanger autour de la musique, marquées par l’effervescence du tropicalisme. Lorsque le père, Rubens, un architecte et ancien député de gauche, est capturé par des miliciens, il demeure introuvable. S’ensuit une vie marquée par l’absence de cet homme, façonnée par l’espoir, puis le deuil, mais essentiellement par la lutte de la mère qui porte désormais la charge de tout. Elle embrasse alors le rôle d’avocate et militante en faveur des peuples autochtones.
Adolescent, Walter Salles a côtoyé cette famille exemplaire, et a voulu transmettre l’éclat de leur existence avant la dictature. Le tournage a débuté sous le mandat de Jair Bolsonaro, et le film voit le jour alors que Lula retrouve le pouvoir, consolidant les parallèles entre un présent fragile et un passé sombre. Bien que classique dans sa réalisation – avec un effet granuleux et des archives familiales simulées typiques des années 1970 – le film reste modérément mélodramatique. Il est sublimé par l’interprétation éblouissante de Fernanda Torres, qui a remporté le Golden Globe de la meilleure actrice pour ce rôle.