L’une des plus grandes associations caritatives de France – fondée par des résistants et des survivants des persécutions nazies – appelle ses sympathisants à donner de leur temps et de leur influence sur les réseaux sociaux, alors que ses donateurs sont confrontés à des difficultés financières.
Le changement du Secours Populaire, qui célèbre cette année son 80e anniversaire, reflète des changements généralisés dans la manière dont les Français s’engagent dans des causes caritatives, alors que la France est confrontée à son taux de pauvreté le plus élevé depuis des décennies.
L’organisation a lancé ce qu’elle appelle sa « campagne la plus solidaire », encourageant ses sympathisants à contribuer via l’engagement sur les réseaux sociaux et le bénévolat, aux côtés des dons monétaires traditionnels.
« Les engagements temporels des gens ont changé, cela peut être deux heures, une heure seulement, ou un simple geste de solidarité », a déclaré à 42mag.fr Christian Causse, responsable des événements de l’association. « La manière dont les gens s’engagent est différente désormais, mais il existe toujours un énorme appétit de solidarité parmi les Français. »
Des racines dans la résistance
Fondé à l’origine en 1926, le Secours Populaire était à l’origine la section française du Secours Rouge International, une « Croix-Rouge populaire » qui attirait d’éminents intellectuels et antifascistes.
L’occupation nazie a forcé sa dissolution, la moitié de ses chefs départementaux étant exécutés ou tués après déportation.
Un nouveau chapitre s’ouvre pour l’association caritative en novembre 1945, lorsque les résistants et les survivants des camps de concentration créent l’organisation moderne, envisageant un vaste mouvement de « solidarité populaire » dans la France libérée.
Sa devise éternelle « Tout ce qui est humain est à nous » (Tout ce qui est humain est le nôtre), incarne un engagement en faveur de l’inclusion et de l’action humanitaire qui reste central aujourd’hui.
Avec 90 000 bénévoles à travers la France, le Secours Populaire est devenu une force majeure de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Pour l’acteur et bénévole Djanis Bouzyani, s’impliquer était un choix naturel. « Beaucoup de mes proches et ma famille ont été aidés par des bénévoles. Alors quand j’ai pu le faire moi-même, il m’est apparu évident que je devais aider les gens comme je le pouvais », a-t-il déclaré à 42mag.fr.
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Lancement de la campagne
L’association a lancé sa première grande initiative de 2025, avec Don’actions, une collecte de fonds de deux mois qui permettra aux bénévoles des 600 comités locaux de France de vendre des tickets de don de 2 €.
« Nous avons plusieurs objectifs : renouer avec une forte mobilisation de collecteurs-organisateurs bénévoles avec les livrets de billets comme seul outil de collecte publique », a déclaré la responsable de campagne Rose-Marie Papi dans un communiqué.
Les fonds permettront de soutenir le bénévolat en France et à l’étranger, tout en renforçant l’indépendance financière de l’association.
Des musiciens de rue à Rouen aux traditionnelles soirées galettes à Lyon et au Mans, ces comités trouvent des moyens créatifs de rallier des soutiens.
« Au cours des deux prochains mois, des bénévoles de toutes nos antennes, comités et fédérations vendront des billets à nos amis, à notre famille et aux entreprises locales », a déclaré Hervé Nicole, coordinateur Don’actions de l’antenne de Rouen.
L’évolution de l’organisme caritatif reflète les temps changeants d’une manière qui trouve un écho particulièrement auprès des jeunes sympathisants.
« Ça me donne du sens, et je pense que c’est important que la nouvelle génération fasse des choses qui ont du sens », a expliqué Delphine Lechat, bénévole, à 42mag.fr.
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Action populaire
Avec plus de 98 antennes départementales, le Secours Populaire entretient des liens communautaires forts tout en abordant les problématiques nationales et internationales.
Des initiatives récentes incluent un travail à Mayotte, où des bénévoles ont fourni des batteries solaires et des tablettes de purification de l’eau après les récents ravages provoqués par le cyclone Chido, tout en soutenant les agriculteurs locaux touchés par des difficultés économiques.
Les initiatives locales varient selon les enjeux régionaux. À Sainte-Tulle, dans les Alpes-de-Haute-Provence, l’association organise des marchés hebdomadaires, des stands de centres commerciaux et des loteries.
« La solidarité ne se décrète pas, elle se vit dans l’action », a déclaré la Fédération de la Creuse, l’une des antennes départementales du Secours Populaire.
