Plus de 80 ONG et organisations françaises ont annoncé qu’elles cesseraient d’utiliser le réseau social X – anciennement Twitter – à compter du 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump. Ils considèrent le propriétaire du site, Elon Musk, un proche allié de Trump, comme un « danger » pour la liberté d’expression et les valeurs démocratiques.
Quatre-vingt-sept groupes de défense des droits de l’homme, de la liberté de la presse et de l’environnement ont exprimé leurs inquiétudes quant au fonctionnement de la plateforme dans une lettre ouverte publiée par le journal français. Le Monde le 14 janvier.
Parmi les signataires figurent La Ligue des droits de l’Homme, France Terre d’asile, organisation à but non lucratif qui soutient les demandeurs d’asile, l’association Emmaüs France et Greenpeace.
« En quittant X, nous avons bien conscience de nous priver d’un canal de communication pour promouvoir nos actions, nos combats… pour interpeller, sensibiliser », ont-ils écrit.
« Mais cet outil, qui était à ses débuts un nouvel espace pour la liberté d’expression, est devenu un grave danger pour elle ainsi que pour le respect et la dignité des personnes. »
Absence de modération
Les signataires critiquent « l’absence de modération et la configuration d’algorithmes » de X qui « favorisent la prolifération de contenus haineux et la circulation de théories complotistes et climato-sceptiques ».
Les organisations, tout en invitant d’autres groupes de défense à « quitter X (en aussi grand nombre) que possible », ont indiqué qu’elles continueraient à communiquer via d’autres réseaux sociaux, en mentionnant Bluesky et Mastodon.
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Musk – PDG de Tesla et SpaceX ainsi que propriétaire majoritaire de X – partage ouvertement la politique d’extrême droite de Trump et a investi des millions de dollars dans sa campagne présidentielle.
Trump a demandé à Musk de codiriger une commission consultative visant à réduire les dépenses fédérales et la bureaucratie, qu’il a surnommée le « Département de l’efficacité gouvernementale ».
« Excès antidémocratiques »
Les appels au boycott de la plateforme X se multiplient en France depuis plusieurs semaines, émanant notamment des syndicats, des réseaux hospitaliers publics de Paris, du monument aux morts de Caen et des médias dont Ouest France et Médiapart.
Ailleurs en Europe, le ministère allemand de la Défense a annoncé mercredi dernier la suspension de ses activités sur X, qu’il accuse de favoriser la propagation de la désinformation.
Le ministère a déclaré qu’il « ne publiera plus de manière proactive sur la chaîne dans un avenir prévisible », ajoutant que « l’échange d’arguments fondés sur des faits devient de plus en plus difficile » sur la plateforme.
La semaine dernière, plus de 60 universités allemandes ont également déclaré qu’elles tournaient le dos au site, s’inquiétant de ses « excès antidémocratiques ».
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« (Son) orientation actuelle n’est pas compatible avec les valeurs fondamentales des institutions concernées – ouverture sur le monde, intégrité scientifique, transparence et discours démocratique », a déclaré le groupe allemand. Une démarche similaire a été entreprise par les universités autrichiennes.
Face aux accusations de diffusion de fausses informations et de ne pas allouer de ressources suffisantes pour modérer les échanges sur la plateforme, Musk continue de défendre une vision radicale de la liberté d’expression et rejette toute forme de ce qu’il appelle la censure.
Soutien d’extrême droite
Il a notamment suscité la controverse en insultant les dirigeants allemands et en exhortant la population à voter pour le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) lors des élections législatives anticipées du mois prochain, une décision qui a été condamnée par l’ensemble du spectre politique.
La semaine dernière, X a diffusé en direct une conversation entre Musk et la dirigeante de l’AfD, Alice Weidel, et deux jours plus tard, Musk a partagé un flux du congrès du parti sur son propre flux X.
Les contenus haineux sur les réseaux sociaux alimentent la hausse des rapports sur l’antisémitisme en France
Depuis que Musk a acheté le réseau social en 2022, de nombreuses controverses ont eu lieu, entraînant diverses actions en justice de la part d’investisseurs, d’anciens employés et d’entreprises ayant des contrats avec X.
Plusieurs organes de presse français ont récemment déposé une plainte contre Musk pour ne pas avoir payé pour utiliser leur contenu d’actualité sur la plateforme, comme l’exigent certaines lois européennes.