Le projet français de construire un mémorial national pour les victimes du terrorisme – initialement abandonné en raison de coupes budgétaires – est de nouveau sur les rails, a promis le président Emmanuel Macron. L’emplacement proposé du projet sur un site commémoratif de la Seconde Guerre mondiale reste cependant un point de discorde.
La France a subi plus d’attentats terroristes meurtriers depuis 2012 que tout autre pays de l’UE.
En 2018, trois ans après les attentats meurtriers de novembre 2015 qui ont fait 130 morts, Macron s’est engagé à rendre hommage aux victimes en créant un musée pour mettre leurs histoires « au cœur de nos mémoires ».
Le mémorial de 95 millions d’euros, qui doit ouvrir ses portes à Suresnes, à l’ouest de Paris, a été conçu comme un hommage à toutes les victimes du terrorisme, en France et à l’étranger.
L’ouverture du musée était prévue pour 2027, avec 10 millions d’euros déjà dépensés pour son développement. Mais en décembre, il a été brutalement supprimé « pour des raisons financières » dans un contexte de coupes budgétaires sous le gouvernement de Michel Barnier.
Barnier a été évincé peu après par un vote de censure.
Les associations de victimes ont dénoncé une décision « brutale » et « incompréhensible ».
Mardi, alors que la France commémorait les attentats contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo qui a fait 12 morts, le président français a repris le contrôle de son projet.
Il a rassuré le comité commémoratif du MMT de son « investissement » et de son soutien pour mener à bien le mémorial « tel qu’il avait été initialement conçu », a écrit le président du comité, Henry Russo, sur les réseaux sociaux.
« C’est une bonne nouvelle pour toutes les victimes du terrorisme (…) de voir l’État tenir parole », a ajouté Russo.
Lieu de mémoire
Le mémorial vise à rendre hommage à toutes les victimes du terrorisme et est conçu en partenariat avec d’autres musées dont le mémorial du 11 septembre à New York et celui dédié aux victimes du massacre d’Utoya en Norvège.
Il comprendra des milliers d’expositions – des souvenirs de famille tels que des kippas portées par les enfants tués lors de l’attaque d’une école juive en 2012 ; les tables et chaises du bar « La Belle Equipe » criblées d’impacts de balles reçues lors des attentats du 13 novembre à Paris ; vêtements portés par les victimes des attentats de Nice de 2016.
Le mémorial retracera également l’histoire du terrorisme depuis les années 1970 et l’émergence d’un nouveau type de terrorisme international, avec une rétrospective remontant au 19ème siècle, indique le site Internet du MMT.
« Le musée mémorial sera à la fois un lieu de mémoire, de reconnaissance et de justice pour toutes les victimes du terrorisme », a déclaré mardi à FranceInfo François Molins, procureur de la République lors des attentats de 2015.
« Ce sera aussi un lieu de culture, de réflexion et d’échange autour des valeurs du bon citoyen », a-t-il ajouté.
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Emplacement controversé
L’emplacement du mémorial est cependant controversé.
Le Mont-Valérien abrite un mémorial marquant le lieu où l’armée allemande a exécuté des résistants français et des prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale.
L’année dernière, des groupes commémorant la Shoah et la Résistance ont exprimé leur opposition à ce lieu, craignant que la mémoire du terrorisme ne risque d’effacer celle de la Seconde Guerre mondiale.
Selon FranceInfo, la ministre de la Culture Rachida Dati est tiède quant au projet.
Son entourage a indiqué qu’il y avait « un consensus pour demander une réorientation du projet ».
Mais pour Guillaume Denoix de Saint Marc, président de l’Association française des victimes du terrorisme, la décision de poursuivre le projet du Mont-Valérien marque le « redémarrage d’un espoir considérable ».