Dans l’émission Tout Public diffusée le mercredi 29 janvier 2025, Boris Lojkine, réalisateur de « L’histoire de Souleymane », et Louise Courvoisier, cinéaste de « Vingt Dieux », partagent leurs impressions après avoir été nommés pour les César. Ce programme aborde également les nouveautés cinématographiques de la semaine, notamment avec James Mangold qui propose « Un Parfait Inconnu » et Claire Simon qui présente son film « Apprendre ».
Les annonces des nominations pour les César viennent de tomber, et Tout Public s’entretient avec deux cinéastes dont les films se retrouvent parmi les heureux élus : Boris Lojkine avec L’histoire de Souleymane, totalisant huit nominations, et Louise Courvoisier avec Vingt Dieux, nominé dans quatre catégories. Les deux artistes expriment leur joie et leur étonnement face à cet accueil, soulignant que le succès rencontré par leurs œuvres était loin d’être assuré. Louise Courvoisier évoque avec émotion ces nominations, rappelant que son film est né d’un projet local et familial, profondément enraciné dans le Jura, sa région d’origine. Pourtant, il a su toucher un public bien au-delà de ses frontières géographiques, atteignant une véritable « résonance universelle ». De son côté, Boris Lojkine se dit surpris des huit nominations, qui représentent le maximum qu’il espérait, compte tenu des ressources limitées à sa disposition. Il revendique l’originalité de son film, qui aborde des thèmes rarement explorés au cinéma, notamment l’histoire des sans-papiers et des héros africains ou noirs. « Il existe peu de films français parlant de ces histoires, et encore moins les mettant en lumière avec des protagonistes africains ou de couleur », souligne-t-il.
« Nous avons commencé modestement, sans jamais imaginer un tel parcours pour notre film, de telles entrées, récompenses, et finalement une présence aux César. »
Boris Lojkineà 42mag.fr
Même si leurs films traitent de questions sociales actuelles, Boris Lojkine et Louise Courvoisier assurent qu’ils ne visent pas à porter des messages politiques à travers leurs œuvres. « Le cinéma peut simplement offrir une représentation d’histoires », dit Boris Lojkine. « Mon film ne véhicule pas forcément un discours politique, mais en découvrant ces histoires, les spectateurs peuvent établir un lien différent avec la question des migrants, souvent mal abordée dans le débat public et médiatique. » Quant à Vingt Dieux de Louise Courvoisier, il propose un regard sincère, loin des clichés souvent associés à la vie rurale. « L’objectif est de rester authentique, de partager notre vision personnelle. C’est ce que permet le cinéma : exprimer un point de vue sur un lieu », exprime la réalisatrice.
La 50e édition des César se tiendra le 28 février 2025 à l’Olympia.
Les deux nouveautés à l’affiche cette semaine
Un autre film très attendu, cette fois présenté de l’autre côté de l’Atlantique pour les Oscars, est Un Parfait Inconnu réalisé par James Mangold. Ce biopic s’intéresse à Bob Dylan, interprété par Timothée Chalamet, et se focalise sur une période clé entre 1961 et 1965, où l’artiste passe de la musique folk à l’électrique. « J’ai été fasciné par le caractère presque féerique de cette histoire d’un jeune homme débarquant à New York avec une simple guitare et quelques dollars en poche, à la recherche de ses idoles en déclin », partage James Mangold à Thierry Fiorile. Ce long-métrage tente aussi de capturer la notion de « génie » musicale chez Dylan. « Qu’est-ce qui rend une musique exceptionnelle ? D’où vient-elle ? La réponse reste mystique. Chercher à comprendre le génie est en soi une charge, car cela isole des autres », confie le réalisateur.
De retour en France, Claire Simon revisite l’univers scolaire avec Apprendre, un documentaire qui surfe sur le succès de sa précédente œuvre, Récréation, tournée 27 ans auparavant dans une école maternelle. Apprendre explore cette fois-ci une école élémentaire à Ivry-sur-Seine, dans la banlieue parisienne. « J’aime vivre l’école du point de vue des enfants, filmer comme si j’étais l’un d’eux, intégrée dans leurs jeux et leurs classes », avoue la documentariste. Elle salue l’école qui s’est montrée extrêmement accueillante, non seulement envers les enfants, mais aussi envers elle-même, lui permettant une approche intimiste. « Nous avons pu nous immerger dans l’environnement des enfants, percevoir leurs visages, émotions et craintes ».
« Les enfants arrivent à l’école comme dans un refuge. Les choses s’améliorent dès qu’ils passent le portail, car ils profitent simultanément d’une égalité et d’une reconnaissance de leurs singularités respectives. »
Claire Simonà 42mag.fr
Par ce documentaire, Claire Simon souhaite célébrer les enseignants, une profession souvent sous-évaluée voire méprisée. Elle se dit « émue par l’engagement des professeurs filmés » et qualifie de « scandale » la méconnaissance du rôle crucial qu’ils jouent. Cependant, l’environnement scolaire filmé se démarque par l’implication active de parents qui voient l’école comme « une opportunité inestimable pour leurs enfants », relève Claire Simon.
Un Parfait Inconnu et Apprendre, disponibles en salle dès le mercredi 29 janvier 2025.
Une émission enrichie de la collaboration d’Augustin Arrivé, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, journalistes pour 42mag.fr.