La France ouvrira sa première prison dédiée à l’isolement des 100 meilleurs seigneurs de la drogue du pays en juillet dans le cadre des efforts visant à empêcher les détenus de diriger des réseaux criminels derrière les barreaux. Cependant, certains syndicats et défenseurs de la réforme des prisons ont exprimé des doutes sur l’initiative.
Quelque 17 000 personnes sont emprisonnées en France pour trafic de drogue et infractions criminelles organisées.
Le transfert des personnes jugées les plus dangereuses débutera en mars, avec les installations rénovées qui s’ouvriront le 31 juillet, a déclaré mercredi le ministre de la Justice Gérald Darmanin.
Deux autres installations similaires sont prévues au cours des deux prochaines années.
« Nous allons prendre une prison française, nous la viderons … la sécuriserons avec des agents de prison spécialement formés, et une fois isolé, nous mettrons les 100 plus grands Narco-Traffickers », a déclaré Darmanin Le Monde journal.
Darmanin a déclaré que les détenus seraient détenus dans «un centre de détention inviolable» où il sera «absolument impossible» pour eux de recevoir des téléphones ou des drogues, menacer les officiers ou communiquer avec le monde extérieur.
L’emplacement de l’installation n’a pas été divulgué, mais Darmanin a souligné son objectif: empêcher les détenus d’orchestrer les crimes derrière les barreaux.
« Ce qui est insupportable, c’est que les prisons ne sont plus des obstacles pour la plupart des trafiquants de drogue pour poursuivre leur trafic, assassiner ou menacer les magistrats, les agents de prison, les journalistes ou les avocats », a-t-il déclaré.
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Réaction mixte
L’annonce a divisé l’opinion.
Les principaux syndicats de prison ont exprimé leur satisfaction. «Cela correspond à une demande, nous préconisons la création d’établissements spécialisés depuis 30 ans», a déclaré Wilfried Fonck, secrétaire national de la branche de la justice de l’Union UFAP-UNSA.
Mais les syndicats de gauche ont exprimé des préoccupations.
« Cela ressemble plus à un autocuiseur », a déclaré à 42mag.fr Samuel Gauthier, le secrétaire général de la CGT pénitencier.
«Le regroupement des individus impliqués dans des crimes similaires dans une seule structure est, à notre avis, compliqué en termes de gestion et mettra le personnel dans des situations difficiles lorsqu’il s’agit de ce type d’individu.»
Les défenseurs de la réforme des prisons sont également sceptiques.
«Ce qui semble être une innovation, c’est en fait un renouveau d’un concept abandonné dans les années 1980: trimestres de haute sécurité» Matthieu Quinquis, avocat de l’Observatoire de la prison internationale, a déclaré à 42mag.fr.
«Ils ont été jetés pour une raison. Les conditions y ont été violées des droits des détenus. «
Les prisons pour les traffeurs de drogue existent déjà dans d’autres parties du monde, en particulier en Amérique du Sud. Mais Quinquis a dit qu’ils n’étaient pas un modèle à suivre.
« La France serait en violation de toutes les valeurs et principes que nous avons acceptés dans la Convention européenne sur les droits de l’homme et plusieurs pactes de l’ONU », a-t-il dit, citant « l’isolement, l’écrasement des individus et la négation de leurs droits ».
Industrie des milliards d’euro
Le commerce français de la drogue est une industrie du milliard d’Euro, générant environ 3 à 6 milliards d’euros par an, selon un rapport parlementaire.
Le ministère de la Justice a alloué 4 millions d’euros à la nouvelle installation, qui, selon Darmanin, peut être mise en œuvre sans législation spéciale.
Plus tôt cette semaine, Darmanin s’est rendu aux Émirats arabes unis pour demander l’extradition de 27 personnes soupçonnées de trafic de drogue.