Le territoire français du Pacifique de Nouvelle-Calédonie a nommé le loyaliste français Alcide Ponga comme nouveau chef du gouvernement, alors que l’archipel tente de se remettre de mois de troubles violents qui ont laissé l’économie en lambeaux.
Ponga a été nommé mercredi 8 janvier, à la suite de la chute du premier gouvernement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie en décembre.
Comme son prédécesseur Louis Mapou, Ponga est un indigène Kanak. Mais contrairement à la majorité des Kanaks, il est aussi un loyaliste français.
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Issu du parti Le Rassemblement, affilié au parti conservateur français Les Républicains, sa famille politique est favorable au maintien de la Nouvelle-Calédonie au sein de la France.
« Ce que je ressens avant tout, c’est le poids de la responsabilité », a déclaré mercredi Ponga, après avoir reçu le soutien de six des onze membres du gouvernement nouvellement installé.
« Nous connaissons tous la situation dans laquelle se trouve la Nouvelle-Calédonie depuis sept mois », a-t-il déclaré, faisant référence aux émeutes meurtrières qui ont éclaté en mai 2024, à la suite d’une réforme électorale très contestée augmentant le nombre de Français éligibles au suffrage.
« Ce que les Calédoniens attendent désormais, c’est que nous puissions travailler ensemble et donner un signal d’espoir. »
Patrimoine familial
Ponga, 49 ans, est originaire de Kouaoua, un village minier du nord de l’archipel.
Il est né dans une importante famille kanak : sa mère était membre du gouvernement local et son oncle était député européen. Ses grands-parents étaient impliqués dans la lutte pour les droits des Kanak, mais soutenaient le reste de la France.
Il a étudié les sciences politiques en France métropolitaine et a fait carrière dans l’industrie du nickel avant de se lancer en politique en 2014 lorsqu’il est devenu maire de Kaouaoua – premier candidat non indépendantiste dans une région largement indépendantiste.
Le secteur minier néo-calédonien est en crise, mais reste le premier employeur de l’archipel.
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Les défis à venir
Ponga est chargé de tenter de restaurer une certaine stabilité politique sur le territoire du Pacifique après les violences meurtrières qui ont éclaté en mai.
La réforme constitutionnelle qui a déclenché ces troubles a été considérée par de nombreux Kanaks – qui représentent un peu plus de 40 pour cent de la population – comme un moyen pour Paris de diluer son influence électorale et de menacer des décennies de travail vers l’indépendance.
La législation a été abandonnée suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en juin de l’année dernière.
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Au cours des violences, 13 personnes ont été tuées – principalement des Kanaks, ainsi que deux policiers – et près de 3 000 arrêtées. Les dégâts sont estimés à 2 milliards d’euros.
Ponga est confronté à des défis majeurs pour tenter de remettre l’économie de l’archipel sur les rails, et le secteur de la santé est également en crise. Près de 40 pour cent des lits d’hôpitaux ont été perdus, principalement en raison de départs de personnel, ont indiqué jeudi des professionnels de la santé.