François Bayrou a rencontré les représentants syndicaux du secteur agricole ce lundi, juste avant son intervention de politique générale prévue le lendemain à l’Assemblée. Les syndicats ont exprimé leur frustration, estimant que ces échanges manquaient de substance.
Depuis une année entière, la frustration des agriculteurs ne se dissipe pas, particulièrement du fait de l’incertitude politique actuelle. À la veille de la présentation de ses grandes orientations politiques, fixée au mardi 14 janvier, le Premier ministre a convoqué les organisations syndicales agricoles pour discuter des questions qui attisent depuis un certain temps la colère de ces travailleurs de la terre. À l’issue de cette réunion au sommet, les représentants des syndicats ont reconnu avoir été entendus, cependant, ils regrettent le manque d’actions concrètes et avouent commencer à manquer de patience.
L’une des voix les plus entendues concerne celle du président du principal syndicat agricole, la FNSEA. En quittant le bureau de François Bayrou, il ne peut s’empêcher de se remémorer qu’il était déjà présent l’année précédente lors du mouvement de contestation sans précédent des agriculteurs. Arnaud Rousseau constate que quatre Premiers ministres se sont succédé depuis, mais sans que de réelles améliorations n’aient été constatées dans le domaine des exploitations agricoles. La situation, d’après lui, est désormais critique. Le gouvernement se doit de réagir promptement.
« Pour nous, il est essentiel de sécuriser un budget », déclare-t-il. Il estime ce budget nécessaire à environ « 450 millions d’euros ». « Cela inclut les retraites, les charges salariales et les questions de compétitivité. » Arnaud Rousseau fixe ensuite un « point de contrôle » lors du Salon de l’agriculture, qui débute le 22 février, en martelant « qu’il est impératif que ces sujets soient concrétisés à cette date. »
Absence d’appel à la mobilisation
À la Coordination rurale, la pression est également forte sur le Premier ministre pour qu’il n’attende pas six semaines jusqu’au lancement de cet événement agricole phare. Véronique Le Floc’h, qui en est la présidente, espère des annonces rapides, pourquoi pas dès le lendemain.
« Nous espérons que les demandes ou, tout au moins, celles qui n’ont pas d’impact budgétaire sur l’État, seront prises en compte dans son discours sur la politique générale. Le salon approchera vite, c’est certain, mais il ne sera pas nécessaire d’inciter les agriculteurs à se rendre à Paris, précise-t-elle, puisque chacun pourra juger des progrès, ou de l’absence de progrès, à partir des annonces du Premier ministre. »
Du point de vue de la Confédération paysanne, le salon est une échéance notable mais reste éclipsée par les élections aux chambres d’agriculture, qui, selon la porte-parole Laurence Marandola, n’ont apporté que peu de résultats concrets de la part du chef du gouvernement.
« La nécessité est urgente d’obtenir des prix qui permettent de couvrir nos coûts de production ainsi que notre juste rémunération. Aucune solution proposée jusqu’à présent. »
Laurence Marandola, de la Confédération paysanneà 42mag.fr
« La priorité immédiate, ce sont clairement les élections », affirme-t-elle. « Puis le salon de l’agriculture servira de plateforme importante. Mais nous ne souhaitons pas simplement en faire une vitrine, ce devrait être l’occasion de définir une direction, une vision pour maintenir de nombreuses exploitations en France. »
Les élections professionnelles s’ouvriront dès le mercredi 15 janvier, impliquant quelque 400 000 agriculteurs appelés à voter d’ici la fin du mois.