Un homme de 75 ans, ayant fréquenté dans le passé le collège privé et catholique « Cendrillon » à Dax (Landes), accuse aujourd’hui cet établissement de l’avoir agressé sexuellement dans les années 60. Il affirme que son jeune frère ainsi qu’un autre étudiant ont également été victimes de ces abus.
« Je n’ai plus rien à craindre désormais. À 75 ans, je ressens un sentiment de soulagement. Je suis déterminé à révéler la vérité pour éviter que de telles atrocités ne se reproduisent », déclare un ancien élève d’un établissement privé catholique à Dax, dans les Landes, lors d’un entretien diffusé le mardi 25 février sur « ici Gascogne » (anciennement France Bleu). Suite à l’affaire de Bétharram, Marc accuse d’avoir été victime d’abus sexuels pendant cinq années, entre 1960 et 1965, lorsqu’il étudiait à l’école catholique privée « Cendrillon » à Dax, qui portait officiellement le nom de Notre Dame du Sacré-Cœur jusqu’en 2003. Depuis, cette institution s’est transformée en un établissement combinant collège et lycée, désormais connu sous le nom de Cité scolaire Saint-Jacques de Compostelle. Lui et son frère cadet ont porté plainte il y a quelque temps, l’une pour viol, l’autre pour attentats à la pudeur. Malheureusement, ces plaintes ont été classées sans suite en raison de la prescription des faits.
En s’adressant à « ici Gascogne », Marc affirme que l’institution représentait un « cercle de pédocriminels » et se décrit comme étant « manipulé par ces abuseurs ». Il confie : « Pour moi, ‘Cendrillon’ évoque une véritable atrocité ! Un emprisonnement, une demeure de brimades physiques, de sévères gifles, et des oreilles éclatées. » Il y a également subi des abus sexuels. « Je n’ai pas souffert de pénétration, uniquement de tentatives », précise-t-il.
« Une telle souffrance se cache dans l’acceptation de révéler ce qu’on a subi. »
Marc, ancien élève de l’école catholique privée « Cendrillon »sur « ici Gascogne »
Marc partage ses souvenirs vifs de cette époque traumatisante : « Ils vous invitaient dans leur chambre sous prétexte de confession. Une fois à genoux devant eux, la soutane ouverte, ils vous forçaient à subir des attouchements. L’odeur de leur soutane est indélébile. C’est une réminiscence permanente. » Il a longtemps lutté pour exprimer les atrocités vécues.

Avec six ans de thérapie psychanalytique et près de quatre décennies de silence, Marc a fini par porter plainte en 2018. « Nous avons été encouragés à dénoncer ces abus malgré la prescription des faits. » Il a ensuite témoigné en 2020 devant la Commission Sauvé, instituée pour documenter et remédier aux abus commis par l’Église. « Une compensation financière nous a été versée. Bien que cela ne soit pas suffisant pour effacer la culpabilité de l’Église, c’est une action significative. »
D’autres anciens élèves affirment avoir subi des abus
Marc n’est pas seul dans cette tourmente. Philippe, son frère cadet de dix mois, a longtemps été emprisonné dans la honte et la culpabilité des violations sexuelles qu’il a endurées durant trois ans, comprenant des fellations forcées et des viols. « Pourquoi aurais-je parlé ? En tant qu’enfant, personne ne prêtait attention à mes paroles. Mon agresseur avait saisi ma vulnérabilité et mon besoin d’affection. » Cette culpabilité l’a consumé, si bien qu’il n’a osé parler à Marc qu’à l’âge de quarante ans, bien qu’ils aient vécu les mêmes expériences dans le même établissement. Étonnamment, chacun ignorait l’histoire de l’autre jusqu’à ce moment-là.
« On n’inflige pas des coups de pied à un enfant de dix ans ! »
Serge Marsan, ancien élève de l’école catholique privée « Cendrillon »sur « ici Gascogne »
Depuis que le scandale de Bétharram a éclaté, Serge Marsan, également élève à Cendrillon de 1979 à 1983, a vu ressurgir des souvenirs douloureux. Bien qu’il ne prétende pas avoir été victime d’abus sexuels, il évoque des violences physiques. À 57 ans et résidant désormais à Aire-sur-l’Adour dans les Landes, il témoigne : « J’ai quitté deux fois le bureau d’un surveillant général avec la marque d’une chevalière enfoncée dans la joue. Je me souviens aussi des châtiments nocturnes, où tout le dortoir se mettait à genoux sur le parquet de 22h à minuit passé. Si quelqu’un s’endormait, le surveillant lui écrasait le mollet. » Il raconte avoir subi « au moins un coup de poing et deux ou trois coups de pied. » Ces événements ont profondément marqué sa vie : « Face à de telles épreuves, soit on abandonne, soit on continue de vivre. » Actuellement, il envisage sérieusement de porter plainte.
Contacté par « ici Gascogne », le responsable de la communication du diocèse d’Aire-et-Dax mentionne que l’évêque est en retraite spirituelle à l’abbaye de Bellocq et donc injoignable, mais qu’il promet de s’exprimer sur cette affaire prochainement.