Dans de nombreux établissements scolaires en France, des gestes tels que les gifles et les fessées ont longtemps été acceptés. Ce n’est qu’en 1991, lors de la diffusion d’une circulaire par l’Éducation nationale, que ces pratiques éducatives violentes ont été interdites formellement dans les écoles. Par ailleurs, le concept de droit de correction des parents a été révoqué en 2019.
Le chef du gouvernement, François Bayrou, est actuellement au cœur d’une polémique suite au dépôt d’une plainte à son encontre pour non-dénonciation de crimes et délits liés à l’affaire Bétharram. Cette affaire concerne un internat privé situé dans les Pyrénées-Atlantiques, sous enquête pour des allégations d’agressions sexuelles et/ou de violences, ces incidents présumés s’étalant de 1957 à 2004. Le Premier ministre est soupçonné par d’anciens témoins de l’époque d’avoir eu vent des abus commis au sein de cet établissement, fréquenté à l’époque par ses enfants, mais de n’avoir rien fait pour y remédier.
C’est un ancien étudiant qui a porté plainte, arguant que François Bayrou ne pouvait ignorer les faits, vu que ses enfants étaient scolarisés dans cette école. Cet ancien élève, prénommé Rodolphe, a partagé sur Franceinfo ses souvenirs d’une gifle sévère infligée à un autre élève durant l’année scolaire 1987-1988, en présence de la fille de François Bayrou.
Les gifles à l’école, une pratique tolérée en 1988
« Le contexte de l’époque était bien différent », a commenté Marc Fesneau, chef des députés du MoDem et proche allié de François Bayrou, sur France 2 le 25 février 2025. M. Fesneau, tout en faisant une nette séparation entre les violences sexuelles et physiques, a défendu le Premier ministre en précisant que « les violences physiques à l’école n’ont été vraiment proscrites qu’à partir des années 1990 ». Il a illustré ses propos par sa propre expérience d’écolier, où il n’était pas rare de voir des gifles sans que cela choque particulièrement quelqu’un : « Tout jeune, il m’arrivait de voir des gifles sans que cela n’émeuve grand monde! »
Effectivement, durant les années 1980, les violences corporelles étaient encore acceptées dans de nombreux établissements scolaires. Ironiquement, la France avait tenté d’aller de l’avant dans ce domaine bien plus tôt. Un décret de 1887 interdisait formellement « d’infliger des châtiments corporels dans les écoles ». Cependant, malgré cette mesure, les gifles et autres châtiments ont perduré, notamment à cause d’une décision de la Cour de cassation deux ans plus tard, qui a rétabli « le droit de correction » pour les éducateurs et enseignants, similaire à celui des parents.
Fin officielle des châtiments corporels en milieu scolaire en 1991
Bien que les années 1980 aient été marquées par quelques scandales et débats sociaux sur le sujet, la justice française a souvent adopté une approche clémente, se basant sur la jurisprudence de l’époque. En 1990, par exemple, un enseignant d’anglais a été acquitté après avoir giflé un élève, et cette décision a été confirmée en appel l’année suivante.
C’est en juin 1991 qu’une circulaire ferme de l’éducation nationale a finalement interdit les châtiments corporels dans toutes les écoles françaises. Concernant le droit de correction octroyé aux parents, il a été aboli en 2019 grâce à une loi contre les violences éducatives ordinaires, interdisant ainsi les gifles et fessées.