Le long métrage réalisé par Louise Courvoisier a été filmé en Franche-Comté, au cœur de l’univers des créateurs du fromage typique de cette région.
Considéré comme l’une des belles surprises cinématographiques de l’année 2024, Vingt Dieux est le premier long-métrage de Louise Courvoisier. Ce film, réalisé avec des acteurs amateurs, a réussi l’exploit d’attirer environ 900 000 spectateurs. Il a également été nominé pour les César, qui auront lieu le vendredi 28 février, dans quatre catégories : premier film, scénario original, révélation féminine et musique originale.
Tourné en Franche-Comté, la région d’origine de la jeune réalisatrice, le film suit le parcours d’un jeune homme qui entreprend de créer le meilleur comté possible.
À Paris pour le Salon de l’agriculture, des producteurs de lait comtois, dont l’élevage montbéliard produit la matière première indispensable, ont donné leur avis sur le film. La scène d’ouverture se déroulant lors d’un concours agricole, où les meilleures vaches sont mises en compétition, a fortement résonné avec Aline Cattet, éleveuse près de Pontarlier dans le Doubs. « Notre passion pour l’élevage a débuté à ces concours, où nous étions accompagnés de nos amis, profitant de la fête. Je me reconnais un peu dans ces personnages, quand j’étais plus jeune. »
« C’est tout de même un magnifique hommage à notre fromage et au travail que nous accomplissons. »
Aline Cattet, éleveuse et productrice de comtédéclare à 42mag.fr
Toutefois, un autre éleveur, Pierre-Alain Martin, n’est pas totalement du même avis. Pour lui, l’image que renvoie le film d’un jeune fabriquant du comté dans sa grange pourrait nuire à la réputation du fromage. Il critique notamment les conditions sanitaires montrées dans le film, où le protagoniste manipule le comté avec des mains sales, ce qui pourrait, selon lui, avoir des répercussions « plutôt négatives » pour l’appellation. Une autre productrice, gérante de l’une des 2 400 exploitations producteurs de comté, lui rétorque : « J’ai vraiment aimé le film. C’est un peu exagéré, mais c’est typique des films. Une agricultrice qui se fait voler du lait et ne s’en rend pas compte ? Mais dans l’ensemble, c’est un film vraiment très agréable ! »
Mise en lumière
Pour Marie-Line Thiébaud, Vingt Dieux représente surtout une belle occasion de mettre en lumière le fromage comté, même si en son essence, la première AOP fromagère de France n’en a pas réellement besoin. En effet, chaque année, les 70 000 tonnes produites rapportent environ 700 millions d’euros. « Même si ce n’est pas nécessaire, c’est toujours bon de rappeler aux consommateurs notre existence, affirme-t-elle. Je suis extrêmement fière de défendre le comté ainsi que ses valeurs. Nous devons gérer nos produits de bout en bout parce que si nous dépendons des industriels pour notre subsistance, nous sommes mal partis ! »
Dans la région d’origine du comté, le prix d’achat d’une tonne de lait s’élève à environ 750 euros pour le producteur. Cela représente 300 euros de plus que celui pratiqué dans d’autres régions produisant du lait de consommation.