Dans une entrevue accordée jeudi au « Figaro », le Premier ministre a affirmé qu’un « référendum est une solution » si les discussions sur la réforme des retraites venaient à être dans l’impasse. Il a également suggéré que d’autres thèmes pourraient être sujets à discussions.
Le Premier ministre a choisi de solliciter largement les citoyens pour insuffler une dynamique nouvelle dans le pays, contournant ainsi un Parlement peu accueillant depuis sa prise de fonction à Matignon.
Concernant la réforme des retraites, par exemple, François Bayrou n’écarte pas l’idée de soumettre la question à un référendum si les discussions s’enlisent, comme il l’a affirmé le jeudi 27 février dans une interview au Figaro. Effectivement, le Premier ministre pressent que son « conclave » entamé ce jeudi, destiné à relancer le dialogue avec les partenaires sociaux, pourrait être voué à l’échec. La décision de Force Ouvrière de se retirer avant même le début des négociations reflète bien les perspectives limitées de cette initiative de renégociation de la controversée réforme des retraites de 2022.
Il en va de même pour la question de l’immigration. Le Premier ministre envisage d’élargir le débat sur la notion de droit du sol en France en posant la question suivante: « qu’est-ce qu’être Français ? ». Pour y répondre, il propose d’organiser des « conventions citoyennes délocalisées » à travers tout le pays.
Mais cette volonté de donner la parole aux Français et de les associer aux décisions peut-elle vraiment aboutir à un déblocage de certaines situations conflictuelles qui divisent à la fois la classe politique et l’opinion publique ? L’intention de consulter le peuple et d’impliquer les citoyens est louable en théorie. Cependant, la réalité montre que ces processus de référendum et autres conventions citoyennes se révèlent souvent être de simples façades de concertation.
Consulter c’est honorable, mais appliquer est essentiel
Rappelons-nous de la convention citoyenne sur le climat : les propositions majeures de ce groupe ont été largement négligées par les décideurs. De même, la convention sur la fin de vie est actuellement en train d’être vidée de sa substance : François Bayrou a fragmenté le document en deux parties distinctes, l’une concernant les soins palliatifs et l’autre l’aide active à mourir. Si nous faisons un retour dans le passé, le cuisant échec du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen est encore présent dans les mémoires.
Soliciter constamment l’avis des Français, c’est une idée à envisager. Toutefois, prendre véritablement en compte leurs opinions serait bien plus efficace. Avec cette approche référendaire, François Bayrou semble en tout cas devancer Emmanuel Macron, qui envisage lui aussi de consulter les Français d’ici la fin de l’année, comme il l’avait laissé entendre lors de ses vœux à la Nation. À moins que le Premier ministre n’ait été chargé par l’Élysée de préparer le terrain pour une, voire plusieurs, consultations présidentielles à venir.