Le sénateur socialiste de l’Oise, Alexandre Ouizille, souligne qu’il y a effectivement eu des manquements et des erreurs au sommet de l’État.
Après les récentes révélations, datées du mardi 4 février, issues des travaux de la cellule investigation de Radio France et du Monde concernant le scandale autour des eaux en bouteille de Nestlé, notamment sur les pressions exercées par la multinationale sur le gouvernement français, ainsi que sur Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, le sénateur PS de l’Oise, Alexandre Ouizille, qui est aussi le rapporteur de la commission d’enquête parlementaire, a informé 42mag.fr de son intention de proposer une audition à l’Élysée. Le but serait de demander des comptes à Alexis Kohler afin de faire toute la lumière sur cette affaire.
L’enquête met en évidence que l’importante opération de lobbying menée par Nestlé auprès des cabinets de plusieurs ministres a réussi à convaincre les autorités de contourner les normes en vigueur sur les eaux minérales naturelles. Cela s’est fait au détriment des intérêts et potentiellement de la santé des consommateurs : le gouvernement a donc autorisé le groupe agroalimentaire à utiliser, jusqu’à présent, des équipements de filtration non conformes dans ses installations. « Il apparaît que de nombreux services de l’État sont impliqués à tous les niveaux », souligne Alexandre Ouizille. À son avis, « incontestablement, il y a eu des erreurs et des manquements » au sommet de l’État.
Le ministre de la Santé n’a pas résisté aux pressions
Dans un courrier électronique du 14 juillet 2022, Jérôme Salomon, directeur général de la santé, synthétise les conclusions du rapport de l’Igas concernant l’emploi de traitements non approuvés par les minéraliers, dont fait partie Nestlé. Destiné au cabinet de François Braun, ministre de la Santé, ce rapport pointe du doigt Nestlé, affirmant que « toutes leurs marques commerciales sont soumises à un traitement non conforme », note Jérôme Salomon. Le ministère de la Santé a tenté de défendre cette position auprès de Matignon, mais est finalement revenu sur sa décision face aux pressions exercées par l’industrie et Matignon. L’enquêteur parlementaire remarque que, dans ce dossier, « il y a eu un choix politique allant à l’encontre de l’avis du directeur général de la santé, imaginez cela ! »