François Bayrou a exprimé son intention de remettre en question les ententes établies avec l’Algérie. Cette déclaration a été faite lors de la réunion du comité interministériel sur l’immigration qui s’est tenue mercredi. Au sein du gouvernement, les tensions augmentent et c’est l’avis de Bruno Retailleau qui semble prévaloir.
Au sein de l’exécutif, deux approches divergentes concernant les questions migratoires sont en compétition. Suite à la réunion interministérielle sur l’immigration tenue le mercredi 26 février, l’une de ces visions semble prendre le dessus. D’une part, il y a une tendance représentée par les ministres de la gauche du gouvernement, tels que Manuel Valls, Élisabeth Borne ou Éric Lombard, qui ne soutiennent pas les récentes déclarations de François Bayrou, notamment sur le « sentiment de submersion migratoire » ou la remise en question du droit du sol. D’autre part, on observe une faction composée de ministres issus de la droite, à l’instar de Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, qui plaident pour l’ouverture d’un large débat sur l’immigration en France, une interrogation que François Bayrou avait lui-même soulevée avec la question : « Qu’est-ce qu’être Français » à l’aube de 2025 ?
On pressentait déjà l’issue de ce comité interministériel sur la gestion de l’immigration, et cela s’est confirmé. En adressant une menace à l’Algérie concernant une potentielle révision des accords de 1968, si ce pays ne reprenait pas rapidement certains de ses ressortissants jugés dangereux par Paris, comme l’assaillant terroriste de Mulhouse impliqué dans l’attaque du samedi 22 février, François Bayrou a clairement fait basculer la balance en faveur de Bruno Retailleau et de l’aile droite. Bien qu’il apparaisse clairement que Bruno Retailleau soit devenu la figure de proue dans cette affaire, cette politique résolument dure et ancrée à droite en matière d’immigration sert également les intérêts et la pérennité de François Bayrou à la tête du gouvernement.
Le RN accentue la pression, mais pas de censure en vue
Bien que le Rassemblement national critique Bruno Retailleau pour ce qu’ils considèrent n’être que des paroles en l’air, sans actions concrètes pour l’instant, aucun membre influent de ce parti d’extrême droite n’a commenté négativement les annonces faites par le Premier ministre après ce conseil interministériel. Cela donne l’impression qu’ils approuvent finalement les propositions de l’exécutif, notamment l’idée de déployer « la force frontière » sur tout le territoire français.
Cette attitude n’est guère étonnante. Évidemment, Marine Le Pen et son équipe souhaiteraient voir le gouvernement aller plus loin, notamment sur le taux d’exécution des OQTF, la suppression de l’Aide médicale d’État ou encore l’organisation d’un référendum sur l’immigration. Toutefois, à ce stade, ils ne prévoient pas de s’opposer frontalement à l’administration Bayrou. Leur stratégie non officielle consiste plutôt à maintenir leur pression sur François Bayrou et ses ministres afin de décrocher des gains idéologiques, par exemple, une possible révision des accords avec l’Algérie. De surcroît, tant que Bruno Retailleau, perçu comme un précieux allié, sera au sein du gouvernement, ils ont tout intérêt à continuer à jouer le jeu politique actuel.