Dans l’émission Tout Public du mardi 11 février 2025, on retrouve Judith Chemla, actrice dans la pièce « Le Procès de Jeanne ». On évoque également le film « The Brutalist » réalisé par Brady Corbet, qui a reçu dix nominations aux Oscars.
Dans l’œuvre intitulée Le Procès de Jeanne, Judith Chemla n’endosse pas seulement le rôle central de Jeanne d’Arc, elle s’implique également dans sa direction artistique. En effet, après avoir joué dans Jeanne d’Arc au bûcher de Paul Claudel au Concertgebouw d’Amsterdam, elle se plonge dans les transcriptions du procès de l’héroïne, qui détaillent une partie des débats ayant conduit à sa condamnation. Frappée par la clarté et la pertinence des arguments de Jeanne, Chemla ressent l’urgence de monter une pièce théâtrale pour honorer ce verbe lumineux. Selon elle, à travers des mots incisifs et fluides, Jeanne d’Arc, qu’elle considère comme une « captive politique », parvient à défier les ruses d’un système judiciaire inique désirant sa chute.
« Sa vivacité, sa lucidité, et sa détermination sont impressionnantes. C’est une véritable incarnation de force pure. »
Judith Chemlaà 42mag.fr
Le parcours de Jeanne d’Arc semble faire écho aux luttes féministes contemporaines, où la justice est parfois perçue comme biaisée en faveur des puissants, observe Judith Chemla. Découvrant ces écrits en 2018, l’actrice et soprano constate combien ce procès « résonne incroyablement » dans notre époque. « Il n’y a pas besoin de manipuler le discours, elle [Jeanne d’Arc] parle encore si fort aujourd’hui. Sa pertinence est contemporaine et immédiate. » En dépit d’être confrontée à des juges aux intérêts politiques et personnels, la Pucelle d’Orléans parvient à dépasser les limites qui lui sont imposées et, grâce à son esprit vif, expose leur vanité et incohérence.
L’impactant film The Brutalist
L’année 2025 promet l’une des plus grandes sorties cinématographiques avec The Brutalist, fort de ses dix nominations aux Oscars. Adrien Brody endosse le rôle d’un architecte moderniste d’origine hongroise et juive, ayant survécu aux camps de concentration. Ce film de 3h35 avec une pause, brosse un large tableau de l’Amérique. Fruit de sept années de travail, ce troisième long-métrage est, dans tous les sens, d’une magnitude monumentale. « C’est un mélodrame, indique le réalisateur Brady Corbet. La narration se situe dans les années 50, donc je l’ai voulu visuellement en accord avec les mélodrames de cette époque (…). Et vu que le mélodrame des années 50 n’était pas toujours subtil, le néoréalisme n’était pas mon but ici. » Le cinéaste y intègre également ses « propres expériences », établissant un parallèle entre le métier du cinéma et celui d’architecte.
Le film offre aussi une critique de l’idéal américain, ce rêve qui façonne toujours l’imaginaire collectif aux États-Unis. « Nous avons été inondés d’histoires où le rêve américain est un moteur de réussite, confie Brady Corbet. Pour ma part, je voulais montrer un protagoniste qui triomphe malgré les difficultés sociales, et non grâce à elles. Et c’est pourquoi, Laszlo [le héros] finit par quitter l’Amérique. En effet, le rêve américain échoue face aux chiffres : quand seulement 1% profitent d’une ascension sociale au détriment des 99% restants – particulièrement avec des milliardaires agrippant l’économie plus ouvertement que jamais – cela paraissait l’approche la plus honnête pour illustrer son parcours. »
The Brutalist, en salles dès le mercredi 12 février 2025.
Une émission avec la participation de Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, journalistes spécialistes de la culture à 42mag.fr.