L’auteur a été traîné devant les tribunaux en raison d’une plainte pour atteinte à la vie privée déposée par une femme d’origine algérienne. Elle l’accuse d’avoir utilisé son expérience personnelle comme base centrale de l’intrigue de son livre « Houris », un ouvrage qui lui a valu de remporter le prix Goncourt 2024.
Procès pour atteinte à la vie privée impliquant l’écrivain Kamel Daoud
L’écrivain Kamel Daoud fait face à une action en justice en France pour atteinte à la vie privée, comme l’a révélé 42mag.fr via une source proche du dossier. Saâda Arbane, une femme algérienne, accuse l’auteur d’avoir détourné son vécu pour construire l’intrigue principale de son roman Houris (publié chez Gallimard), ouvrage pour lequel il a été lauréat du prix Goncourt 2024.
Détails de la procédure judiciaire
L’assignation a été révélée par l’AFP et Mediapart le vendredi 14 février. La première audience de procédure est fixée au 7 mai au tribunal judiciaire de Paris. D’après les informations disponibles, l’assignation a été remise à Kamel Daoud lors d’une séance de dédicaces près de Bordeaux, ainsi qu’à son éditeur, Gallimard. Sollicité pour une déclaration, Gallimard a préféré ne pas commenter cette affaire.
Le roman controversé « Houris » et son intrigue
Le terme "Houris" renvoie, dans la tradition musulmane, aux jeunes femmes promises au paradis. Le roman de Daoud, à l’atmosphère pesante, se déroule en partie à Oran et suit le parcours d’Aube, une jeune femme devenue muette après qu’un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999. Saâda Arbane avait précédemment déclaré, mi-novembre sur la chaîne algérienne One TV, que le personnage d’Aube reprenait de façon précise son histoire personnelle. Victime d’une agression similaire par des jihadistes en 2000, elle doit vivre avec une canule pour respirer et parler. Elle a rencontré Kamel Daoud lorsqu’elle était suivie par son épouse Aicha Dehdouh, psychiatre, de 2015 à 2023.
Revendiquer la protection de son histoire personnelle
Soutenue par de nombreuses attestations, Saâda Arbane exige dans sa procédure une indemnisation de 200 000 euros et que toute condamnation éventuelle soit rendue publique, car la possibilité d’une ressemblance fortuite est qualifiée d’« impensable ». Elle insiste sur le fait qu’elle n’a jamais consenti à la publication de son histoire et que M. Daoud n’avait pas l’autorisation d’utiliser son récit, malgré trois sollicitations entre 2021 et cet automne. Saâda Arbane était en effet fermement opposée à toute utilisation de son histoire, profondément personnelle et unique, par quiconque. De plus, rendre cette histoire publique pourrait lui provoquer des ennuis juridiques en Algérie.