Un Français dans le couloir de la mort en Indonésie depuis 2007 pour des infractions à la drogue a quitté la prison mardi avant son transfert en France, ont déclaré des responsables à l’agence de presse française AFP.
L’Indonésie, qui possède certaines des lois sur les drogues les plus difficiles au monde, a publié ces dernières semaines une demi-douzaine de détenus de haut niveau, dont une mère philippine dans le couloir de la mort et les cinq derniers membres du soi-disant ring de drogue « Bali neuf ».
Serge Atlaoui, 61 ans, a été chassé de la prison de Salemba à Jakarta à l’aéroport principal de la ville où il sera remis aux policiers français avant de monter à bord d’un vol commercial pour Paris.
En raison de l’arrivée en France mercredi, il sera présenté aux procureurs « et très probablement détenu en attendant une décision sur l’adaptation (de sa peine) », a déclaré son avocat Richard Sedillot à l’AFP.
Jakarta a laissé le gouvernement français pour accorder à Atlaoui – le seul Français dans le couloir de la mort en Indonésie – « Clémence, amnistie ou une peine réduite ».
Terrains humanitaires
« Serge est heureux et calme », a ajouté Sedillot, « mais il va avoir besoin d’un peu de temps pour se réorganiser. »
Son retour a été rendu possible après un accord entre le ministre français de la justice Gérald Darmanin et son homologue indonésien Yusril Ihza Mahendra le 24 janvier.
Dans l’accord, Jakarta a déclaré qu’ils avaient décidé de ne pas exécuter Atlaoui et autorisé son retour sur des « terrains humanitaires » parce qu’il était malade.
Atlaoui a reçu un traitement médical hebdomadaire dans un hôpital.
Atlaoui a été arrêté en 2005 dans une usine dans une banlieue de Jakarta où des dizaines de kilos de médicaments ont été découverts et accusés d’être un « chimiste » par les autorités.
Soudeur de Metz dans le nord-est de la France, le père de quatre enfants a toujours nié être un trafiquant de drogue, disant qu’il installait des machines dans ce qu’il pensait être une usine acrylique.
« Je pensais qu’il y avait quelque chose de suspect (à propos de l’usine) », a déclaré Atlaoui à l’AFP en 2015.
Coulée de mort
Initialement condamné à la prison à perpétuité, sa peine a été examinée par la Cour suprême et a changé de mort en appel.
Il devait être exécuté aux côtés de huit autres en 2015, mais il a obtenu un sursis après que Paris a appliqué la pression et que les autorités indonésiennes ont accordé un appel en suspens pour procéder.
Les exécutions mondiales au plus haut niveau en près d’une décennie, dit l’amnistie
Il y a actuellement au moins 530 détenus dans le couloir de la mort en Indonésie, selon l’organisation des droits de l’homme Kontras, faisant référence aux chiffres officiels.
Parmi eux, 90 étrangers, dont au moins une femme, selon le ministère de l’immigration et de la correction.
Le gouvernement indonésien a récemment signalé qu’il reprendrait des exécutions, sur une interruption depuis 2016.
En décembre, la détenue de la Filipina, Mary Jane Veloso, qui a été arrêtée en 2010 et également condamnée à mort pour trafic de drogue, a été retournée dans son pays d’origine après qu’un accord a été conclu entre les deux pays.