Le chatbot de l’IA profonde de la Chine a peut-être secoué les géants de la technologie américaine, mais en Europe, certains acteurs de l’industrie voient un avantage potentiel.
En tant que société américaine NVIDIA – le premier fabricant mondial de puces d’IA – des bobines d’une baisse record de stocks, des sociétés semi-conductrices européennes et des développeurs d’IA pèsent ce que la perturbation pourrait signifier pour eux.
Philippe Notton, PDG de Sipearl, une entreprise européenne développant des processeurs pour les superordinateurs, a déclaré à 42mag.fr que la capacité de Deepseek à développer l’IA avec moins de ressources pourrait être un tournant.
« C’est une mauvaise nouvelle pour Nvidia en termes de ventes futures, car si vous pouvez développer une solution compétitive avec moins d’unités de traitement graphique (GPU), cela signifie que NVIDIA vendra moins de puces », a-t-il déclaré.
« Toutes les prévisions prédisent que le battage médiatique sur les GPU et Nvidia s’effondre. »
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Crash inattendu
Le lancement de Deepseek la semaine dernière a fait chuter les actions technologiques.
Le 27 janvier, Nvidia, appelé « Posterchild of America’s Ai Frenzy » de Bloomberg, a perdu 589 milliards de dollars de valeur marchande – la plus grande perte de capitalisation pour un seul stock.
Le NASDAQ 100 a chuté de 3% et le S&P 500 a chuté de 1,5%.
Deepseek prétend avoir développé son modèle avec seulement 6,23 millions d’euros, bien en dessous de ses concurrents occidentaux.
À titre de comparaison, Stephen Walker, développeur de l’IA et fondateur de KLU.AI, estime que la formation de Chatgpt d’Openai nécessite environ 25 000 puces NVIDIA H100 coûtant entre 23 900 € et 29 700 € chacune – portant des coûts de développement totaux à près de 920 millions d’euros.
« Si ce que Deepseek a dit est vrai, ils peuvent développer un tel modèle pour seulement 5,75 millions d’euros avec quelque 2 000 à 4 000 GPU, ce qui est très, très faible par rapport à ce que les autres utilisent », a déclaré Notton.
« C’est une bonne nouvelle pour la planète car elle va utiliser beaucoup moins d’énergie pour construire cela. C’est une bonne nouvelle pour l’Europe car ils pourraient le faire pour un budget limité. »
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Plagiarism
Au fur et à mesure que la poussière s’installe, les accusations ont fait surface que Deepseek a peut-être construit son modèle en utilisant les données des sociétés américaines. Openai et Microsoft examinent si Deepseek a formé son chatbot en utilisant leurs données propriétaires.
Daniel Castro, vice-président de la Washington Information Technology and Innovation Foundation (ITIF), a comparé la situation aux innovations passées.
« Apple n’a pas inventé le smartphone », a-t-il déclaré. «Ils ont juste inventé le meilleur, et c’est pourquoi ils ont connu un tel succès avec l’iPhone.
« Quand quelque chose comme ça sort, toutes les autres entreprises se demandent: que faisons-nous pour nous assurer de réduire les coûts. En fin de compte, cette concurrence sera très bonne pour l’industrie de l’IA. »
Industrie française
Pendant ce temps, les entreprises technologiques européennes examinent le phénomène Deepseek avec intérêt.
Selon Revue de semi-conducteursl’industrie génère 25 milliards d’euros de revenus annuels et emploie plus de 50 000 personnes, constituant plus de 10% des exportations totales du pays.
Cependant, ACSiel, qui surveille les tendances du secteur de l’électronique française, rapporte que le marché a chuté de 19% au troisième trimestre de 2024, à 486 millions d’euros.
Une réduction massive de la recherche et du développement des coûts sur le marché de l’IA de plus en plus compétitif peut s’avérer très bienvenu.
La start-up de l’IA française Mistral a salué jeudi le dernier modèle Deepseek comme « Great » et a annoncé une autre nouvelle version.
« R1 est un excellent et complémentaire de technologie open source », a déclaré Mistral dans un communiqué, tout en annonçant sa propre nouvelle version « Mistral Small 3 », qui, selon elle, est compétitive avec des modèles plus importants, notamment le lama de Meta et le Qwen d’Alibaba.
Sur-régulation?
Cependant, les analystes américains soutiennent que les réglementations européennes de l’IA pourraient entraver l’innovation.
Stephen Ezell, vice-président de l’ITIF, a déclaré que la loi sur l’IA de l’UE, présentée en juillet 2024, était l’un des régimes réglementaires les plus restrictifs que nous ayons vus pour l’IA dans le monde.
« Si j’étais un décideur européen en regardant comment une entreprise comme Deepseek défie probablement la principale entreprise européenne d’IA, Mistral … Je serais très préoccupé par l’approche de les désavantager maintenant par ce régime réglementaire qui restreint vraiment accès « , a déclaré Ezell.
Les développements gagnent une importance supplémentaire à la suite de l’annonce par le président américain Donald Trump du projet Stargate de 500 milliards d’euros, une coentreprise entre Openai, Oracle et Softbank qu’il a appelé « le plus grand projet d’infrastructure d’IA de l’histoire américaine ».
C’est quelque chose avec lequel l’Europe ne peut pas rivaliser, a déclaré Notton.
« Mais si enfin, nous pouvons le faire pour disons 100 fois moins cher, cela devient beaucoup plus raisonnable », ce qui fait du phénomène Deepseek « une sorte de révolution car si elle peut être produite à un prix inférieur, beaucoup plus de pays pourront pour le faire. «
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Peurs pour la liberté d’expression
Les défenseurs des défenseurs de la liberté d’expression et de protection des données sont inquiets.
Si les utilisateurs posent des questions profondes qui sont sensibles au Parti communiste chinois, cela cesse soudainement de fonctionner correctement.
Des sondes sur le massacre de Tiananmen Square du 4 juin 1989, l’indépendance du Tibet ou de Taiwan, ou sur les politiciens ou les dissidents chinois déposés reçoivent catégoriquement les réponses par « désolé, c’est au-delà de ma portée actuelle. Parlons de quelque chose d’autre », ou « Je suis désolé, Je ne peux pas répondre à cette question.
Mais Castro n’est pas inquiet. « Les chercheurs américains et européens n’utiliseront pas cette IA Chatpod pour rechercher l’histoire ou la politique chinoise », a-t-il déclaré à 42mag.fr. « Si c’était la principale utilisation, ce serait préoccupant. »
Pourtant, d’autres inquiétudes restent.
Dieter Kugelmann, président de l’autorité allemande pour la protection des données et la liberté d’information, a averti que Deepseek « semble manquer à peu près tout en termes de loi sur la protection des données ».
L’application recueille des données utilisateur approfondies – y compris les adresses IP, les histoires de chat et les modèles de frappe – qui pourraient être stockés sur des serveurs à Hangzhou, donc potentiellement accessible au ministère de la Sécurité d’État chinois.
Si ces préoccupations s’avèrent valides, l’UE peut avoir besoin d’agir. Le règlement européen de protection des données générales autorise uniquement les transferts de données avec des pays offrant des protections comparables à l’UE.
Aucun accord de ce type n’existe entre la Chine et l’UE.
