Le ministre de l’Intérieur, qui entretient une amitié avec l’écrivain franco-algérien, est perçu comme une figure controversée en Algérie. Il défend l’idée d’adopter une position ferme dans les relations avec les responsables algériens.
Le ministre de l’Intérieur de France, Bruno Retailleau, a exprimé dimanche 16 février sa déception face au manque de réaction de la France pour obtenir la libération de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien détenu depuis mi-novembre en Algérie.
Lors de l’émission Le Grand Rendez-vous diffusée sur Europe 1, en collaboration avec CNews et Les Echos, Bruno Retailleau a plaidé pour une approche plus ferme envers l’Algérie. Il a déclaré : « Je suis à bout, car nous n’avançons pas ». Il a souligné que la France ne pouvait pas prétendre être un bastion des droits de l’homme tout en restant passive. « C’est intolérable », ajouta-t-il.
« L’efficacité du silence remise en question »
Boualem Sansal est accusé en application d’une loi pénale algérienne qui définit comme terroriste ou subversif tout acte menaçant la sécurité de l’État, l’unité territoriale, la stabilité ou le bon fonctionnement des institutions.
Sans nommer explicitement le ministère des Affaires étrangères, Bruno Retailleau a critiqué la stratégie actuelle de diplomatie secrète inspirée de l’idée que la discrétion mène au succès. « Après trois mois, la discrétion s’est avérée inefficace », a-t-il observé.
« Une cible en vue »
« Je suis déçu du peu de réaction de la part de la France (…) Je suis perçu comme un ennemi [en Algérie], ma tête est littéralement mise en évidence dans des publications [favorables au gouvernement algérien]. Qui a pris ma défense ? Jean-Pierre Chevènement », a-t-il déclaré. Bruno Retailleau, ami de l’écrivain « âgé » et « malade », a plaidé pour que Sansal soit défendu comme une cause humanitaire.
Il a insisté sur la nécessité de transformer en profondeur les relations franco-algériennes et a appelé à instaurer un rapport de force. Il a également demandé une révision de l’accord de 1968 sur l’accueil des Algériens en France, ainsi qu’un retour aux visas pour les diplomates algériens.
Briser le duel bilatéral
Bruno Retailleau a proposé de s’affranchir du face-à-face traditionnel entre la France et l’Algérie. Il a exprimé le souhait que les dirigeants européens s’abstiennent de signer un accord avec l’Algérie, actuellement en négociation, « tant que Boualem Sansal ne sera pas libre ».
En janvier 2025, l’Algérie a demandé une révision de son accord d’association avec l’Union Européenne, plaidant pour une approche « gagnant-gagnant ». L’année précédente, Bruxelles avait engagé une procédure contre l’Algérie pour limiter les flux commerciaux et les investissements européens dans le pays depuis 2021.