Le président de la République part pour les États-Unis ce lundi, avec l’intention de redonner une place centrale à l’Europe sur la scène diplomatique. Pendant ce temps, le président américain intensifie ses efforts pour se rapprocher de Moscou dans le but de résoudre la situation conflictuelle actuelle.
Une rencontre cruciale est prévue. Lundi 24 février, Emmanuel Macron effectue une visite officielle à Washington, où il rencontrera Donald Trump vers midi, heure locale (ce qui équivaut à la fin de l’après-midi en France), pour discuter de la guerre en Ukraine qui a débuté il y a exactement trois ans. Le but du président français est simple : influencer la diplomatie mondiale et défendre les intérêts européens, alors que le président américain s’est récemment rapproché de la Russie dirigée par Vladimir Poutine. Dimanche dernier, le chef de l’État a réaffirmé son engagement à travers X, affirmant que les pourparlers à venir doivent renforcer « la sécurité des Européens. »
Pour soutenir cette position, Emmanuel Macron tentera de persuader Donald Trump que s’allier au Kremlin ne sert ni les intérêts européens ni ceux américains. Après une conférence virtuelle avec des membres du G7, les deux chefs d’État auront une première rencontre bilatérale à midi heure locale (18 heures heure de Paris) et déjeuneront ensemble avant de donner une conférence de presse commune. « Je lui dirai : ‘En essence, tu ne peux pas montrer de faiblesse face à Vladimir Poutine. Cela ne te ressemble pas, ce n’est pas ta réputation, ni ton intérêt' », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une séance interactive sur les réseaux sociaux jeudi passé.
Le président français arrive à Washington avec des « propositions d’action » mûrement réfléchies avec d’autres leaders européens, selon l’Élysée, cité par Politico. Parmi eux se trouve notamment le Premier ministre britannique, Keir Starmer, qui a également prévu de rencontrer Donald Trump ce jeudi-là.
Approche militaire et enjeux économiques
Emmanuel Macron cherchera à persuader le président des États-Unis que la Russie présente une « menace existentielle » parce que Vladimir Poutine pourrait « ne pas respecter » un éventuel cessez-le-feu, qui devra être soumis à une vérification, précise un conseiller présidentiel à l’AFP. « Nous faisons face à une puissance qui a massivement accru ses armes (…) et qui continue de le faire. Sa progression est incertaine aujourd’hui. Il est impératif que nous agissions ensemble pour la maîtriser », a souligné Emmanuel Macron avant de partir pour Washington. « Si tu laisses l’Ukraine [à Vladimir Poutine], l’hégémonie russe deviendra insurmontable pour l’Europe » car elle « prendra le contrôle de l’Ukraine et de son armée, l’une des plus grandes d’Europe, équipée de nos armements, y compris ceux des Américains. C’est une erreur stratégique allant contre nos intérêts », a aussi argumenté Emmanuel Macron, souhaitant exhorter Donald Trump à « coopérer avec les Européens. »
Le président Macron souhaite également montrer à son homologue américain que céder à la Russie pourrait inciter son principal rival, la Chine, à exploiter la situation à Taïwan. « Si tu veux empêcher la Chine de remettre en cause Taïwan, comment justifier que la Chine n’ait pas le droit d’envahir Taïwan tandis que la Russie pourrait envahir l’Ukraine ? » a questionné Emmanuel Macron jeudi.
Enfin, le président français jouera sur l’aspect économique, qui est essentiel pour le milliardaire américain. « Il est dans son intérêt de collaborer avec les Européens, car l’Europe offre des perspectives de croissance, un potentiel économique et de coopération avec les États-Unis », a ainsi suggéré Emmanuel Macron, étant donné que Donald Trump a misé sur la « diplomatie transactionnelle » comme sa signature politique. Les Européens répondront à toute augmentation tarifaire sur leurs produits. « Entre partenaires, il est inacceptable d’imposer des difficultés économiques à l’autre à travers des taxes », a averti Emmanuel Macron samedi lors du Salon de l’agriculture.