Cette semaine, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci mettent en avant deux films : « Maria » réalisé par Pablo Larrain et « La Pampa » dirigé par Antoine Chevrollier.
En 1977, Maria Callas mène une existence solitaire à Paris, isolée dans son vaste appartement situé sur l’avenue Georges Mandel. Sa vie s’articule autour de ses chiens et de ses deux domestiques. Après avoir quitté la scène lyrique en 1965, ses rares apparitions lors de récitals dans les années 1970 restent marginales. La Diva assoluta, cette déesse de l’art lyrique, a vu sa voix s’éteindre depuis longtemps.
« Maria » de Pablo Larraín
Dans son interprétation de cette période sombre, Pablo Larraín dépeint une Maria Callas rongée par les médicaments, sourde aux mises en garde de son médecin. On la découvre aspirant à un retour scénique à travers des répétitions pathétiques, et accordant un entretien prolongé à un jeune journaliste séduisant appelé Mandrax, un nom emprunté au barbiturique dont elle cache les comprimés dans ses magnifiques tenues. Ce sont des visions intangibles et imaginaires d’une immense artiste en deuil de son incroyable talent.
Bien que la voix envoûtante de Maria Callas soit présente dans le film, c’est surtout Angelina Jolie qui se démarque par sa prestation remarquable, comme si cela constituait le véritable enjeu du long-métrage. Le film est visuellement séduisant, peut-être même trop esthétiquement parfait. Avec ce cinquième biopic, Pablo Larraín pourrait envisager de changer de direction. On se souvient avec une nette préférence de quelques-unes de ses œuvres précédentes, telles que No ou Ema (sorti en 2019).
« La Pampa », une réalisation d’Antoine Chevrollier
Antoine Chevrollier nous entraîne au cœur de la jeunesse rurale, à l’instar de Vingt dieux et d’autres œuvres récentes. L’intrigue se concentre sur un groupe d’amis, principalement Willy et Jojo, résidant dans le Maine-et-Loire près d’Angers. Comme tous les jeunes adultes, ils s’ennuient, flirtent, partagent des verres en soirées et s’adonnent aux plaisirs de la moto. La « pampa » évoquée dans le film est en réalité un terrain de moto-cross où se tiennent des compétitions. Jojo, doué en moto, cache un lourd secret qui va bouleverser la vie de chacun, entre préjugés, pressions sociales, harcèlement et refus d’accepter la réalité.
Le film dépeint avec justesse la vie de ces jeunes ruraux qui ne sont pas forcément désœuvrés ni dénués de subtilité. Le détournement des codes liés à une masculinité, parfois nocive, comme le bruit des motos et la compétition, est astucieux. La Pampa s’appuie sur un casting talentueux, notamment Artus dans un rôle inattendu, mais surtout Sayiid El Alami, captivant et plein de nuance, arborant une beauté princière. Il a été révélé au public par la série Oussekine sur Disney +, réalisée également par Antoine Chevrollier.