Trois mois après que des tombes vides ont été découvertes au camp de Rivesaltes, Patricia Mirallès s’engage à fournir vendredi des « réponses concrètes ».
« Je connais le sort des restes« , affirme le vendredi 21 février sur « ici Roussillon », la ministre chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants. « Nous avons fait des progrès » dans les recherches concernant les dépouilles d’enfants de harkis disparues du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) « et je donnerai des réponses concrètes », promet Patricia Mirallès.
La ministre doit éclairer vendredi les familles de harkis sur ce qu’il est advenu des 60 dépouilles, parmi lesquelles celles de 52 enfants de harkis inhumés au début des années 1960 sur le site de camp Joffre à Rivesaltes. Cette campagne visant à explorer ce « cimetière oublié » a officiellement débuté en octobre 2023. Le camp de Rivesaltes a accueilli près de 21 000 harkis et leurs familles entre 1962 et 1964, des conditions qualifiées par l’État d’« indignes ». Beaucoup de jeunes enfants sont décédés de maladies, d’anémie ou sont nés sans vie. Ils ont été enterrés dans ces cimetières improvisés, laissés ensuite à l’abandon.
Deux lieux de sépulture également à Perpignan
À la fin de l’année 2024, l’emplacement de l’ancien cimetière de harkis a été retrouvé. Cependant, la majorité des tombes se sont révélées vides. Ce vendredi, les familles sont convoquées sur les lieux et à la mairie de Rivesaltes pour être informées des résultats des dernières recherches. Pour l’occasion, la ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattants sera présente. « Nous montrerons, avec l’INRAP, comment nous avons mené les recherches et comment nous pouvons désormais fournir des réponses », déclare Patricia Mirallès.
Depuis la découverte des sépultures vides, un travail d’investigation sur les archives a également été lancé et « les recherches continuent ». « Nous disposons de nombreuses archives en France, ce qui nous a aussi permis de remonter dans le temps, car il n’est pas seulement question de Rivesaltes, mais aussi de la mairie de Perpignan qui est concernée puisque deux cimetières s’y trouvent », indique la ministre. Les familles « devront également fouiller dans les archives concernant les personnes décédées à l’hôpital de Perpignan », ajoute-t-elle.
« Je refuse toute instrumentalisation politique »
Certaines familles ont parlé de « profanation » en constatant l’absence des corps dans le cimetière. « Je ne veux aucune instrumentalisation politique sur ce dossier, avertit Patricia Mirallès, parce que nous touchons à l’intime. Une fois que nous aurons montré et expliqué, [les familles] décideront et exprimeront leur ressenti. Nous verrons ensuite ce qu’elles souhaitent et nous les accompagnerons au mieux ».
Elle souligne néanmoins la responsabilité du maire de Rivesaltes : « Le cimetière se trouve sur sa commune, c’est à lui de fournir des éléments susceptibles de satisfaire les familles de harkis », déclare Patricia Mirallès. André Bascou, maire de Rivesaltes depuis 1983, doit s’exprimer vendredi matin devant les familles. « Les attentes des familles sont considérables et elles espèrent des réponses depuis 60 ans », commente la ministre. Le maire de Rivesaltes doit apporter des réponses sur le fait que, jusqu’à présent, les efforts n’ont pas abouti ». Pour elle, « le ministère des Armées n’a commis aucune erreur sur ce dossier. Il est maintenant temps pour chacun de prendre ses responsabilités. Mais je crois que le plus important aujourd’hui est de répondre à leurs attentes et à leur douleur, et de leur offrir notre soutien », conclut-elle.