La réalisatrice, descendante du célèbre cinéaste italien Luigi Comencini, propose une œuvre touchante qui explore la dynamique entre un père et sa fille.
“Prima la vita” ou “la vie avant tout” : telle était la devise de Luigi Comencini, décédé en 2007. Reconnu comme l’un des pionniers de la comédie italienne dans les années 1950 grâce à des œuvres comme Pain, Amour et fantaisie, Comencini a aussi exprimé son talent dans le cinéma dédié à l’enfance avec L’incompris et dans la critique sociale avec L’argent de la vieille.
Pour rendre hommage à cet homme qu’elle respecte profondément, Francesca Comencini partage ses souvenirs dans un livre. Elle y relate notamment le souvenir du tournage mouvementé des Aventures de Pinocchio, où elle revit son enfance, se remémorant comment son père, éternel enfant dans l’âme, l’avait intégrée parmi les figurants. « C’est une citation d’un personnage dans l’une de mes œuvres, précise Francesca Comencini. Le cinéma m’évoque un enfant qui fouille dans les débris, trouve un objet extraordinaire et s’exclame à son père ‘Regarde ce que j’ai trouvé.’ Voilà ce qu’est le cinéma pour moi : il révèle ce qui est découvert. Mon père se réservait toujours la possibilité de découvrir ce trésor inattendu et de tout bouleverser pour laisser place à l’essence de la vie. »
« L’enfance est une période légendaire, empreinte de magie, continue-t-elle. Petite, je personnais une infinité de possibilités. Quand mon père travaillait sur Les Aventures de Pinocchio, je voyais naître les contes devant mes yeux. Il y avait ce charme de l’enfance, avant de plonger dans l’adolescence, ce temps où l’on commet maintes erreurs avec le risque de décevoir… et de se retrouver. »
Un duel intime entre père et fille
Les “erreurs” évoquées par Francesca Comencini durant les années 70 et 80, période tumultueuse marquée par les tensions politiques en Italie, se traduisent par sa dépendance à l’héroïne. Dans des scènes poignantes, on observe un père impuissant s’efforcer de sauver sa fille. La mise en scène audacieuse se focalise uniquement sur eux deux, laissant le reste de la famille dans l’ombre. « La mémoire ressemble à une scène de théâtre, explique Francesca Comencini : elle éclaire un aspect et néglige le reste. Pour moi, ces souvenirs se résument à mes échanges avec mon père. Ce n’est ni un film familial, ni une œuvre réaliste. J’espère qu’il touche à quelque chose d’universel. »
À Rome et Paris, où ils ont résidé lors des moments les plus difficiles pour Francesca Comencini, le père et la fille s’aiment silencieusement, se déchirent mais restent inséparables. Ce film poignant et délicat leur permet de se redécouvrir.
Prima la vita, réalisé par Francesca Comencini avec Fabrizio Gifuni, Romana Maggiora Vergano, Anna Mangiocavallo. En salles depuis le 12 février 2025.