Un grand nombre de professionnels de la Protection Judiciaire de la Jeunesse ont protesté ce mercredi contre le projet de loi défendu par Gabriel Attal, qui a pour objectif de « réaffirmer l’autorité » vis-à-vis des jeunes contrevenants. Lors de la manifestation tenue devant le palais de justice de Marseille, des travailleurs sociaux ont exigé, entre autres, une augmentation des ressources disponibles.
Le mercredi 12 février, plusieurs manifestations ont eu lieu devant divers palais de justice en France ainsi qu’à proximité de l’Assemblée nationale. Ces rassemblements ont été organisés suite à un appel des syndicats de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) face à une nouvelle proposition législative. Le projet de loi, présenté par Gabriel Attal, entend réformer la justice des mineurs en réponse aux troubles de l’été 2023, survenus après le décès de Nahel, un jeune tué par un policier à Nanterre. L’objectif principal de ce texte est de rétablir l’autorité face à la délinquance juvénile, bien que celui-ci suscite de nombreuses oppositions.
Devant la porte du tribunal de Marseille, environ vingt personnes, brandissant une grande bannière syndicale, expriment leur désaccord. Les éducateurs présents critiquent le fait que cette proposition tente d’assimiler les mineurs de plus de 16 ans à des adultes. Cela permettrait l’organisation de procès en comparution immédiate et l’abolition de l’excuse de minorité, ce qui supprimerait l’atténuation automatique des peines pour les infractions graves commises par les mineurs.
Alexia Peyre, psychologue pour la PJJ et représentante du syndicat SNPES-PJJ, affirme avec conviction que juger des adolescents comme des adultes serait une erreur. « Un jeune de 16 ans ne possède pas encore la maturité d’un adulte », explique-t-elle. « Ils ne disposent pas des capacités psychiques pleinement développées et, en conséquence, il est inapproprié de les juger de la même manière. L’adolescent a besoin de temps pour comprendre ses actes, reconnaître l’existence de la victime et accepter l’aide que nous lui proposons. »
Critique des sanctions parentales
Selon Paula, éducatrice en milieu ouvert, considérer qu’un jeune de 16 ans est encore un enfant est crucial. Elle s’oppose également à la proposition d’intensifier les sanctions envers les parents de jeunes délinquants. « Punir les parents est fondamentalement erroné, car la majorité des mineurs dont nous nous occupons proviennent de milieux culturellement et économiquement défavorisés », explique-t-elle. « Les parents font de leur mieux. »
« Il y a des parents qui s’investissent réellement dans la vie de leurs enfants. Ce n’est pas nécessairement une question de carence éducative. Bien sûr, cela arrive, mais ce n’est pas le cas général. »
Paula, éducatrice en milieu ouvertà 42mag.fr
De nombreux parents qui se trouvent débordés demandent de l’aide, mais doivent patienter parfois plus d’un an et demi avant de recevoir un soutien, rapporte le syndicat SNPES-PJJ. Ce dernier critique le manque de ressources attribuées à la PJJ. À Marseille, des postes d’éducateurs restent vacants ou gelés, malgré les promesses de renforcement des effectifs.