Profiter d’un moment de détente, élargir son cercle social et s’engager contre la mode éphémère, cette approche répond parfaitement à toutes les attentes.
Dans la salle remplie au Votiv Kino, un cinéma viennois qui fait la part belle aux films d’auteur, on découvre des spectateurs installés, aiguilles en main, prêts à savourer les répliques inoubliables de Le diable s’habille en Prada. Ce concept de soirée, mélangeant cinéma et tricot, fait mouche, rassemblant chaque mois un large public depuis le lancement en décembre 2024. Une initiative qui se propage, trouvant écho non seulement ici à Vienne, mais aussi à travers l’Europe, que ce soit en Scandinavie, en Allemagne ou en France.
Luisa Palmer, l’initiatrice de cet événement tricot-ciné, explique l’essor de la pratique. « De nombreux individus ont pris goût au tricot durant les périodes de confinement, souvent isolés chez eux à cause de la pandémie de Covid-19 », confie-t-elle. Elle ajoute que les gens ressentent désormais le besoin de se retrouver, d’échanger en personne.
« Retrouver le monde réel »
En cette ère marquée par une omniprésence numérique, il n’est pas surprenant que cette nouvelle tendance gagne du terrain. C’est également une réponse astucieuse du milieu cinématographique pour enrichir ses propositions et faire face à la concurrence des services de streaming.
Pour que le tricot se déroule sans accroc, une lumière tamisée est maintenue pendant les projections, ce qui facilite aussi la convivialité. Tandis que les pelotes défilent et les pulls se tissent, le film devient presque secondaire : les participants échangent sur leurs ouvrages. Les plus expérimentés guident les novices à surmonter les étapes plus complexes du tricot.
Judith Haslöwer, également à l’origine du projet, explique : « On peut choisir de profiter d’un moment solitaire et apaisant à tricoter ici, mais c’est aussi un cadre idéal pour ceux qui veulent partager un moment convivial. » Elle évoque comment cet événement aide les participants à faire une pause, à échapper au rythme effréné actuel et à s’engager contre une mode ultra-rapide et polluante.
Luisa Palmer conclut en soulignant la satisfaction de créer quelque chose soi-même : « Utiliser ses mains pour produire quelque chose, c’est bien plus gratifiant que de passer sa journée devant un écran. » Aussi, elle recommande de choisir des films simples, laissant de côté les thrillers ou les intrigues trop complexes qui pourraient déconcentrer. Une douce comédie, déjà appréciée à maintes reprises, reste idéale pour ces séances, confie-t-elle avec un sourire.