Le recours en Cour de cassation n’interrompt pas l’exécution de la peine décidée lors du procès en appel, cependant, le groupe Millas 14 décembre 2017, qui réunit des familles des victimes, qualifie cette situation d' »indignité. »
D’après Stéphan Mathieu, le père d’une des victimes, sept longues années après le tragique accident de bus à Millas dans les Pyrénées-Orientales, la décision de la conductrice de déposer un pourvoi en cassation ressemble à une nouvelle fuite de ses responsabilités. Invitée à s’exprimer sur « ici Roussillon » (anciennement France Bleu) le mercredi 26 mars, il a évoqué cette étape judiciaire inconfortable.
Ophélia, sa fille, a perdu la vie le 14 décembre 2017 dans cet accident dramatique. Elle était à bord du bus scolaire frappé par un train à un passage à niveau à Millas. L’accident a causé la mort de six collégiens et blessé dix-sept autres. Le mois dernier, quelque sept ans après le drame, Nadine Oliveira, la conductrice du bus, a une fois de plus été condamnée pour homicide et blessures involontaires à une peine de prison de cinq ans, dont deux ans ferme. Malgré ce verdict, elle a choisi de porter l’affaire devant la Cour de cassation.
« Une indignité »
Un communiqué émis par le collectif Millas 14 décembre 2017, qui rassemble les familles des victimes, qualifie ce pourvoi en cassation d’« indignité ». Stéphan Mathieu explique que, selon le collectif, « Madame Oliveira, par la voix de ses avocats, a cherché à se faire passer pour une victime », mais « les véritables victimes, ce sont les familles, les enfants disparus et ceux qui ont été blessés ».
Tout en affirmant son respect pour le droit de faire appel à la Cour de cassation, le père d’Ophélia maintient que Nadine Oliveira est bel et bien coupable. « Deux procès ont eu lieu, la dernière audience en appel a confirmé sa culpabilité. Elle a commis de nombreuses erreurs de conduite jusqu’à l’accident. Des témoins ont vu qu’elle a bien forcé la barrière. Nous désirons que la vérité soit reconnue », ajoute-t-il. Pour le collectif, « il aurait été préférable de ne pas prolonger davantage ces recours judiciaires. Nous souffrons déjà intensément à cause de cet accident. Il serait temps que cela cesse », implore Stéphan Mathieu.
« Un processus sans fin »
Le recours à la Cour de cassation n’empêche pas l’application de la peine décidée en appel. Ainsi, Nadine Oliveira a commencé à exécuter sa peine sous la forme d’un port de bracelet électronique à son domicile, selon « ici Roussillon ». Le collectif, représenté par un de ses membres, exprime son incertitude quant à l’issue de cette procédure en cassation. Selon lui, deux possibilités s’offrent : « soit le pourvoi sera rejeté faute d’éléments solides, soit s’il y a des preuves convaincantes, il pourrait y avoir de nouvelles audiences. Cela signifierait un autre procès ? C’est interminable ». Il conclut: « Elle a commis une faute qui a coûté la vie à des enfants et en a blessé d’autres. Il est temps que cela cesse ici ».
Le pourvoi affecte également les assurances, et les familles doivent attendre la décision de la Cour de cassation pour recevoir des compensations.