François Bayrou, qui occupe les fonctions de maire de Pau ainsi que de Premier ministre, a été confronté à des questions concernant le scandale des agressions physiques et sexuelles survenues à Notre-Dame de Bétharram. Dans cette affaire, il est reproché à Bayrou d’avoir été informé de ces actes sans avoir pris de mesures pour les dénoncer.
L’atmosphère était électrique lors du conseil municipal de Pau, ce lundi 24 mars, alors que les élus de l’opposition ont abordé le scandale des violences survenues à Notre-Dame de Bétharram, selon un reportage de « ici Béarn Bigorre » (anciennement France Bleu). François Bayrou, Premier ministre et maire de Pau, a consacré une grande partie de cette séance à cette affaire. Il a pris le temps de répondre aux critiques formulées par des élus de l’opposition, tels que le socialiste Jérôme Marbot, l’avocat des parties civiles Jean-François Blanco, ainsi que le conseiller de gauche Tuncay Cilgi, qui a exigé la démission du maire. C’était la première session du conseil municipal depuis que le scandale de Bétharram a explosé début février.
François Bayrou a fermement critiqué ce qu’il considère comme une récupération politique de l’affaire. Il a précisé qu’Alain Esquerre, représentant du collectif des victimes, avait récemment été reçu par Élisabeth Borne, la ministre de l’Éducation nationale. Selon le maire de Pau, l’affaire est exploitée à des fins politiques : « Je constate que cette affaire est un prétexte pour attaquer des figures politiques. » Il a également souligné que certains de ses enfants avaient été élèves dans cet établissement religieux.
« Durant vingt-cinq années, aucun témoignage public n’a été enregistré. C’est une affaire bouleversante qui trouve des résonances dans d’autres écoles. Pour nous, pour moi, le principal souci reste les jeunes garçons affectés par ces événements », a déclaré François Bayrou. Les témoignages du maire de Lestelle-Bétharram et de l’ancien maire d’Oloron-Sainte-Marie, également ancien élève de Bétharram, ont été partiellement évoqués par le Premier ministre.
Les élus d’opposition se sont rapidement exprimés, à commencer par Tuncay Cilgi, qui a clamé : « Avoir l’audace de nous lire cela, et nous devrions rester silencieux ! » Le débat est rapidement devenu houleux, mais a été calmé par Alexandre Perez, conseiller municipal de la majorité, lui-même victime de Bétharram et membre du collectif, prônant la retenue et la dignité dans les échanges.
« Fournir des explications sur les dysfonctionnements »
Jérôme Marbot, figure de l’opposition socialiste, a renouvelé sa demande de clarification sur les violences commises à Notre-Dame de Bétharram. « Cette affaire m’a glacé d’horreur depuis la révélation de tous ces cas », a-t-il affirmé. « Nous devons avant tout penser aux victimes et, Monsieur le Maire, vous devez dire la vérité devant l’Assemblée nationale. Par respect pour elles, vous auriez pu reconnaître que vous aviez été informé des agressions physiques… et aussi des accusations de violence sexuelle. » Jérôme Marbot insiste sur le fait que François Bayrou doit « apporter des explications sur les problèmes survenus. »
L’opposition n’a pas ménagé François Bayrou, Tuncay Cilgi affirmant sans détour : « Votre démission est nécessaire, vous n’avez plus de légitimité. » François Bayrou a contré en fustigeant ce qu’il appelle « une série d’accusations sans fondement et injurieuses, et vous en êtes tout à fait conscient ». « Jamais je n’ai tenté d’influencer une quelconque personne ». Le maire de Pau a également précisé que son fils, étudiant à Bétharram dans la même classe que l’élève ayant dénoncé une gifle violente en 1996, ne lui avait jamais parlé de l’incident.
Jean-François Blanco, représentant des parties civiles, a profité de l’assemblée pour demander la fin du partenariat entre l’État et Notre-Dame de Bétharram, ainsi que la fermeture de l’établissement actuel, qui selon lui « ne devrait plus être considéré comme un centre éducatif ». François Bayrou a précisé qu’une enquête était en cours sur la validité du contrat et que le ministère de l’Éducation nationale prendrait les mesures nécessaires.